Eva à 60 ans.Blog d'une journaliste-écrivain.Analyse des faits marquants de l'Actualité,non-alignée,originale,prophétique,irrévérencieuse. Buts: Alerter sur les menaces,interpeller,dénoncer l'intolérable,inciter à résister. Alternance articles Eva et liens infos non officielles. Ici,pensée et parole libres. Blog dénaturé par over-blog le 1.2.15,il sera transféré sur Eklablog
Bonjour Eva !
Suite à ton message sur le blog de Jean-Pierre Chevènement,
j’ai consulté ton blog avec plaisir et je m’y suis abonné (newsletter).
Je salue l’ancienne du CERES, qui continue de se référer à JPC.
Nous avons des sensibilités politiques qui restent proches
et j’aime bien ta sincérité et tes engagements forts.
Pour ma part, j’écris sur http://mrc53.over-blog.com
et il arrivera que je pioche dans tes infos.
Actuellement, je réfléchis à la réorientation de la politique agricole
(je suis délégué national MRC à l’agriculture).
Jean-Pierre Chevènement m’a demandé d’intervenir dans un débat organisé par la Fondation Res Publica qu’il préside (http://www.fondation-res-publica.org/L-avenir-de-la-politique-agricole-commune_r26.html)
Si tu as des correspondants qui ont travaillé sur cette question (réorientation de la PAC compte tenu de la nouvelle donne alimentaire mondiale), je suis preneur de leurs réflexions.
En échange, tout ce que j’ai écrit* est disponible. Voir les articles parus en catégorie Agriculture et PAC (par exemple, 1er avril 2007 Intervention de Michel Sorin (MRC) sur l'agriculture - Libourne 16 mars 2007), mais aussi les autres, par exemple celui-ci : 17 mai 2008 Annexe à la motion du MRC (8) : le projet républicain et l'Europe.
* Voir, notamment, les documents qui ont nourri la rédaction de la partie agricole du projet du MRC sur http://www.mrc-france.org/rubrique.php3?id_rubrique=21, notamment le document de base http://www.mrc-france.org/article.php3?id_article=79 et les orientations en vue des élections 2007 http://www.mrc-france.org/article.php3?id_article=313.
Au plaisir de te lire.
Amitiés.
Un système monétaire international pervers
Sarkozy n’est pas de Gaulle, ce n’est un secret pour personne ! Edouard Husson a montré, dans un article paru le 30 avril 2008 sur www.marianne2.fr, ce que fut la politique des USA vis-à-vis du dollar, et les réactions des présidents français. Il y a des leçons à tirer de ces observations historiques.
Le 4 février 1965, le général de Gaulle prononça ce qui fut sans doute l'appel le plus important de sa présidence - et l'un des moins compris. Il attira l'attention du monde sur les dysfonctionnements de l'économie mondiale qu'allait bientôt entraîner le système monétaire international tel qu'il avait été conçu à Bretton Woods.
Disposant de la seule monnaie convertible en or, monnaie dont ils avaient fait un moyen de réserve international, les Etats-Unis pouvaient s'endetter à volonté puisque le reste de l'économie mondiale avait besoin de dollars pour garantir sa propre fabrication de monnaie.
En fait, comme le montrait De Gaulle, qui avait parfaitement intégré les leçons de Jacques Rueff, on avait passé le point d'équilibre : la quantité de dollars en circulation dans le monde était déjà telle que la monnaie américaine se dévaluait de fait. Il fallait refaire de l'or, disait-il, le point d'ancrage du système monétaire international.
De Gaulle, seul contre tous, à gauche comme à droite
Que ne s'est-on payé la tête de De Gaulle à l'époque ! Sa conférence de presse fut la première d'une série d'analyses lucides de l'état du monde (les discours de Phnom Penh, de Montréal, de la conférence de presse sur la Guerre des Six jours), qui se révélèrent toutes prophétiques, mais qui coupèrent progressivement l'ancien chef de la Résistance française des faiseurs d'opinion, puis ébranlèrent la confiance d'une partie des Français.
Le mythe d'un président trop vieux se répandit, complaisamment entretenu par la presse anglo-américaine. Pensez-vous, De Gaulle croyait encore à ces vieilles lunes, il n'avait pas lu Keynes, le pourfendeur de la «relique barbare», l'or ! Personne ne suivit le président français, ni ne comprit la portée de ses avertissements.
C'était l'officier de la Première Guerre mondiale qui comprenait comment les Américains entretenaient, au Vietnam ou dans la multiplication des missiles intercontinentaux, l'esprit de la Guerre froide - grâce à une fabrication potentiellement illimitée de dollars, pourvu que le «monde libre» marche dans la combine.
Et tout cela afin de doper, par un «keynésianisme militaire», leur économie soumise à toujours plus rude concurrence (européenne dans les années 1960, asiatique depuis les années 1970).
A l'opposé, les soixante-huitards pacifistes sont devenus, avec les années et malgré leur slogan «Faites l'amour, pas la guerre», les garants du système américano-centré.
Dans les années 1980, ils ont découvert l'argent facile mis par les Etats-Unis à la disposition du reste du monde, et ont vite oublié leur vieille détestation de l'impérialisme américain. Ils ont toléré, puis encouragé, un système international où le pétrole a remplacé l'or comme garantie matérielle du dollar, ce qui conduit les Etats-Unis a défendre toujours plus agressivement le contrôle qu'ils exercent sur les approvisionnements pétroliers - au risque d'embraser le Moyen-Orient.
Ils ont participé toujours plus activement à l'accaparement toujours plus frénétique par une minorité d'individus toujours plus voraces d'un dollar-papier toujours plus dévalué et des produits financiers fondés sur lui à la valeur toujours plus hypothétique. Il n'y a pas d'autre explication sérieuse à la croissance des inégalités dans le monde.
La prise en otage des économies par le dollar
Si l'esprit européen avait été une réalité à la fin des années 1960, les membres du Marché commun auraient fait bloc derrière De Gaulle et exigé des Etats-Unis qu'ils remettent de l'ordre dans leurs finances et qu'ils adhèrent sérieusement à l'esprit de détente.
Mais les Etats-Unis n'eurent rien à craindre : on se moqua de De Gaulle, on se réjouit de son départ.
Personne ne s'opposa au coup d'état monétaire d'août 1971, lorsque Nixon annonça que les Etats-Unis n'honoreraient plus la convertibilité en or du dollar - le président Pompidou et son ministre des Finances Giscard capitulèrent comme les autres Européens. Et depuis plus de trente ans, le monde a dû subir un système monétaire international pervers où les déficits américains servent à financer la croissance monétaire mondiale, où les Etats-Unis drainent jusqu'aux trois quarts de l'épargne mondiale.
Car lorsque l'on a des dollars-papiers toujours plus nombreux - et donc valant en réalité toujours moins - on n'a guère d'autre perspective que de les replacer aux Etats-Unis en espérant que la force de travail des Américains, leur ingéniosité financière et leurs dépenses de défense en maintiendront la valeur.
Un système américano-centré tenu par la peur de l'effondrement
Il y avait quelque chose de pathétique dans l'opposition, en 2003, de Jacques Chirac et Dominique de Villepin à la guerre en Irak. Ils étaient lucides politiquement, mais incapables de comprendre l'envers du décor. Les pays, toujours plus nombreux, qui à la suite de la France et de l'Allemagne, se sont opposés à la guerre, ne semblaient pas voir que c'était la communauté internationale qui donnait, malgré ses critiques, aux Etats-Unis les moyens de financer leur appareil de défense et la guerre.
Comment les Etats-Unis peuvent-ils dépenser 50 milliards de dollars par mois pour leur défense, quand ils ont besoin de la même somme, mensuellement, pour combler leurs déficits de toutes sortes ? Parce que le reste du monde (épargnants européens, investisseurs des pays producteurs de pétrole, banques centrales asiatiques) continue à couvrir ces déficits sans broncher depuis des années.
Ce que Chirac et Villepin dénonçaient n'était que la face émergée de l'iceberg. Mais leur combat venait au bon moment, malgré l'insuffisante compréhension des mécanismes en jeu.
En effet, George W. Bush restera dans l'histoire comme le président qui aura poussé à bout les ressources du système mis en place par Nixon, au point de le détraquer.
Durant les six premières années de sa présidence, la masse monétaire américaine, tous produits confondus, a augmenté de 20% par an - pour amortir le krach des actifs boursiers, entretenir la consommation américaine et financer les guerres américaines. Depuis le début de la crise des subprimes, on en est à au moins 5% par mois. C'est-à-dire que, sous notre ami W, la masse monétaire américaine aura historiquement triplé.
Autant dire que les Etats-Unis ont détruit la monnaie de réserve internationale. Le système ne continue à tenir que parce que le reste du monde, à commencer par la Chine, ne veut pas voir s'évaporer en quelques jours d'immenses réserves en dollars sur lesquelles repose le financement de son économie.
Mais nul ne peut dire ce qui l'emportera, des forces de destruction inhérentes à la politique «néo-conservatrice» (quelle ironie dans cette auto-désignation!), ou des tentatives de stabilisation de la situation par les grands acteurs internationaux. Un ordre international fondé
sur la paix et la justice
Le site www.marianne2.fr a publié, le 30 avril, les 1er et 2 mai, une série de trois articles signés Edouard Husson, qui concernent la politique étrangère de la France.
Voici le 3ème, daté du 2.5.8 sur le site de Marianne ; il aborde les propositions pour un nouvel ordre mondial, ce qui implique une prise de distance de la France avec les USA.
Il se peut que l'Iran ait franchi, le 29 avril 2008,
le point de non-retour du point de vue américain.
Un haut fonctionnaire du Ministère iranien du Pétrole a annoncé que,
désormais, son pays ne facturerait plus aucune transaction pétrolière en dollars, uniquement en euros ou en yens.
L'Irak a été détruit pour avoir fait une annonce du même type en 2000.
La question de la défense d'Israël, ou celle des armes de destruction massive, pèsent peu,
aux yeux des Américains, à côté de la seule garantie matérielle subsistante
d'un dollar toujours plus dévalué.
L'Iran est le deuxième pays producteur de l'OPEP et les Américains,
en pleine crise financière, se sentiront particulièrement menacés par un adversaire
qui sait où sont leurs points vulnérables.
Il n'est pas étonnant qu'on recommence à parler d'une attaque américaine
contre l'Iran à l'été.
Si les Américains déclenchaient un conflit contre l'Iran, on basculerait définitivement dans un autre monde, vingt ans après la chute du Mur de Berlin. La communauté des nations se polariserait définitivement entre ceux qui accompagneraient les Etats-Unis dans une folle tentative de maintenir leur mainmise impériale, et ceux qui se coaliseraient pour faire émerger un nouvel équilibre mondial.
De quel côté la France se situerait-elle ?
Si l'on en croit l'attitude du président Sarkozy depuis son arrivée au pouvoir,
la France choisirait les Etats-Unis,
au risque de perdre la confiance de tous ceux qui attendent
qu'elle élève la voix pour tracer les contours d'un ordre international
fondé sur la justice et la paix -
ce que Jaurès et de Gaulle ont su faire, chacun à leur époque.
La France sera-t-elle réduite à l'insignifiance ?
Espérons que le pire sera évité dans les mois qui nous séparent
de l'élection américaine; que George W. Bush ne choisira pas la fuite en avant,
à la fois pour sortir de la crise monétaire et financière très grave dans laquelle se trouve son pays, pour rester dans l'histoire comme un «nouveau Churchill»
et pour influencer le vote de ses compatriotes.
Cependant, même en l'absence d'une nouvelle guerre, la France se trouve à la croisée des chemins. Continuera-t-elle à défendre le désordre international entretenu par l'Amérique impériale,
ou choisira-t-elle, conformément au meilleur de son histoire,
de servir la paix, la liberté et la justice ?
La France choisira-t-elle d'entendre la voix des peuples,
comme les démocraties latino-américaines,
qui ont beaucoup moins d'atouts politiques, militaires, économiques qu'elle
et qui pourtant osent défier pacifiquement le grand frère au Nord du continent ?
La France saisira-t-elle l'aspiration universelle à la paix
qu'exprime par exemple le souhait de la Corée du Sud de mettre en oeuvre une détente
(et peut-être une réunification) avec la Corée du Nord, rêve régulièrement anéanti
par les menaces américaines envers Pyongyang ?
La France négligera-t-elle d'entretenir l'espoir qu'avait suscité sa courageuse
prise de position sur le conflit irakien au début de l'année 2003 ?
Si tel était le cas, notre pays se réduirait à l'insignifiance
- ce qu'exprime déjà la signature du traité de Lisbonne
ou la rentrée dans le commandement intégré de l'OTAN.
Mission : proposer un autre ordre mondial
Des aspirations multiples s'expriment dans le monde, qui témoignent de ce que, vingt ans après la fin de la guerre froide, le monde voudrait enfin recueillir les «dividendes de la paix» dont les prive le «nouvel ordre international» proclamé par George Bush père et accompli par le fils.
Ce serait à un pays comme la France, situé au coeur du monde occidental,
de proposer les contours d'une nouvelle communauté internationale
au sein de laquelle on ait tiré les conclusions des erreurs passées :
(...)
NB Faute de place, je mets cette partie en commentaires. 4 points sont traités.
(..)
Combattre pour la justice
La diffusion de la démocratie, l'économie de marché, la liberté du commerce, ne peuvent s'établir que dans la paix.
Le continent latino-américain ravagé par les guérillas, l'Afrique victime de toutes les convoitises des puissances, l'Asie ravagée par les impérialismes et les dictatures totalitaires au XXè siècle, le Proche-Orient compliqué, l'Europe marquée dans sa chair par deux guerres mondiales, n'aspirent qu'à une chose: la pacification des relations internationales et le développement économique dans la diversité culturelle.
La France, puissance moyenne, qui ne sera (plus) jamais gagnante dans la surenchère impériale, n'a qu'une seule carte à jouer : refuser d'être plus longtemps le caniche des puissants, se faire la voix des opprimés - non pour les encourager à des révoltes stériles mais pour l'avènement d'un nouveau concert des nations. «La France n'est écoutée et puissante que lorsqu'elle combat pour la justice» aimait à dire Jaurès.
Le Projet Républicain pour le monde !