Comme toujours, on entend la direction se dédouaner en affirmant qu’il s’agit d’une obligation légale, laquelle ne présumerait en rien des efforts par ailleurs déployés par elle pour reclasser en France les salariés laissés sur le carreau. Comme toujours, on entend en filigrane le vœu de certains de supprimer cette obligation, qui a pourtant le mérite de mettre à nu la politique de délocalisation de la plupart des entreprises de taille internationale.

Les patrons-voyous existent, hélas, et il est évident que le cadre économique actuel leur offre une prime au cynisme, encourageant avec la dernière vilénie toute une série d’attitudes de mensonge, de dissimulation, d’enrichissement indu, voire de triche. Pourtant, ce serait une erreur d’incriminer l’ensemble des chefs d’entreprises qui, dans leur immense majorité, subissent eux aussi cette mondialisation-clochardisation et en reviennent bien souvent après avoir fait l’expérience d’une production sous les tropiques pleine de mauvaises surprises.

Au vrai, on ne gagnera pas la bataille cruciale du redressement économique français sans eux, encore moins contre eux. C’est bel et bien aux dérives du cadre économique global qu’il faut s’attaquer : l’euro cher, la prime donnée à ceux qui produisent ailleurs pour réimporter ensuite (avec bien souvent des standards sociaux et environnementaux catastrophiques), la toute-puissance donnée à un secteur bancaire qui se comporte en oligopole, écrasant particuliers et entreprises, mais aussi l’aberration de charges sociales pesant sur la production domestique, la démission de l’Etat face à une politique de la concurrence bruxelloise dogmatique, la capitulation des élites face à une Allemagne qui, en comprimant sa demande et en maintenant la monnaie unique à un niveau trop élevé, veut le beurre et l’argent du beurre… (..)