L'ouvrage "Visages d'une France rurale" présente des images des campagnes françaises et de leurs habitants datées du début du XXe siècle. De vraies pépites historiques. Ici, dans les Landes, les animaux et les familles paysannes partagent la pièce à vivre. En 1929, une loi a interdit de faire dormir le personnel dans les mêmes pièces que les animaux. © Coll Christian Le Corre
http://www.linternaute.com/actualite/magazine/france-rurale-1900/
Bonjour !
Voici un récent échange de commentaires sur mon blog R-sistons.
Je lance maintenant un Appel à tous ceux et à toutes celles
qui voudraient contribuer
au projet de faire revivre nos anciens, nos grands-parents,
à tous ceux qui ont connu la vie autrement,
eux-mêmes ou par transmission,
tout un autre monde, finalement, dont nous avons la nostalgie..
Merci d'envoyer vos textes ici,
et même vos vidéos :
evaresis@yahoo.fr,
et je publierai sur ce blog pour commencer !
Chantal Dupille
http://freeriders2.over-blog.com/article-je-me-souviens-la-devise-du-quebec-va-t-elle-devenir-celle-de-nice-65305898.html
Là où les anciens étaient de vrais bon vivants, aimant faire la fête, aimant voir les autres s'amuser, solidaires. Qui aimaient la charcuterie, plein de cholestérol, de gras, le bon vin et les gnoles fabriquées maison... Et qui vivaient allègrement plus de 90 ans malgré les guerres et ses conséquences ( pour ceux qui n'éataient pas assassinés sur le champ de bataille ou indirectement). Ours des Pyrénées
Eva ! je voudrais m'adresser à Ours des Pyrénées ! Rien que son pseudo me le rend sympathique car je suis persuadé qu'il est pour la réintroduction de ce plantigrade dans les Pyrénées comme moi , n'en déplaise aux éleveurs de brebis qui larmoient sur le sort d'un agneau qui a été dévoré par un ours . L'agneau en question est bien vendu et j'ai rarement vu un mouton devenir centenaire ! Qu'il finisse sous les crocs d'un ours mal léché ou dans un abattoir kacher ou pas ou dans un camion de transport parcequ'il n'a pas eu à boire (je l'ai vu de mes propres yeux) je ne vois pas la différence si je me place du côté "mouton"! J'arrête là ma digression pour en revenir à son grand-père qui est devenu presque centenaire bien qu'ayant fumé comme un pompier mais vraisemblablement sans se faire enfumer ! J'ai moi aussi eu deux grands pères. L'un avait fait Verdun ; l'autre avait vu son cheval mourir sous lui à Ypres . Les deux fumaient comme des pompiers . On leur avait appris dans les tranchées comme on a appris aux soldats américains à fumer du hash quelques années plus tard au Viet Nam ! Ils ne fumaient pas de la merde de MAR........... mais du gris ! que du gris , que l'on prend dans ses doigts et que l'on roule" ! et ils buvaient du vin ... et de l'eau de vie....pas de Ricard et pas de whysky ! surtout pas ! Ils n'ont jamais vu le dentiste et le toubib seulement quand la faucheuse a pensé à eux ....mais il n'a rien pu faire ! Les deux ont eu leur jeunesse gâchée par cette guerre qu'on pensait la dernière. Ils ont consacré leur vie à travailler : l'un penché sur son pétrin, l'autre sur les manches de sa charrue . Ils parlaient rarement de la guerre alors qu'ils en avaient vécu deux ! Parfois je me pose la question de savoir si j'aurais eu leur courage ou si j'aurais pu fermer ma g...... ! Ahura
http://passedautrefois.canalblog.com/albums/france_rurale_1900/photos/74306881-image_4.html
Réponses aux commentaires :
Bonjour à tous
Oui cet ours-là est appétissant, et la description de l'ancien temps aussi... Un ami Lecteur va mettre en place une Maison d'Edition en ligne (version papier et pdf) avec des livres à moi pour commencer, si vous voulez écrire un livre qui fleure bon le mode de vie passé, je crois qu'on sera preneur... Alors ? Cordialement, eva
Un Lecteur informaticien-comptable-juriste va publier (Edition en ligne, papier et pdf), ensuite, des ouvrages de moi, dont mon roman sur les gangs, sans doute un "Le monde selon eva" (regroupant mes meilleurs posts), mon autobiographie que Fayard voulait publier, etc comme non plus un roman, mais un reportage sur le sujet que je connais bien (ayant vécu sur leurs territoires), les gangs de rues. ET d'autres auteurs pourront se greffer. Notamment sur le sujet "témoignages du passé", dont j'ai eu l'idée en vous lisant, Ours, toi Ahura...
Mais évidement on peut imaginer un ouvrage collectif de témoignages du passé croustillants comme les vôtres, il faudrait peut-être prévoir un site pour regrouper les textes et ensuite voir comment publier (droits d'auteur etc).
On va voir tout cela, pour l'instant je prépare les premiers projets, post sur Wikipedia, ma fiche à ma façon, un nouveau site officiel (mon domaine propre) regroupant tout, etc
A plus, en attendant songez à des textes comme les quelques lignes envoyées en commentaires, savoureuses, et relayez. On a tous + ou - la nostaligie d'un passé recent avec un monde plus humain.. Amitié eva
J'adhère à ton projet quelle qu'en soit la forme ! L'essentiel est que des témoignages du passé restent pour les générations à venir et que beaucoup de personnes y participent . Ca va être très intéressant . Nous allons apprendre plein de choses en provenance de la France profonde . Je suis impatient de lire ce que mes compatriotes vont produire .Ahura
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A vos plumes, maintenant ! Participation de tous les témoins... Voici les premiers résultats :
Marseille au début du XXesiècle. Ci-dessus la Canebière;
en bas : la rue de Noailles (auj. Boulevard de la Libération).
http://www.cosmovisions.com/monuMarseille.htm
Eva ! je constate que tu es vraiment une femme d'action et que quand tu as quelque chose dans la tête tu ne mets pas une éternité pour le concrétiser . Donc tu as lancé le projet de témoignages du temps passé dans la nuit . Je souhaite qu'il y ait beaucoup de personnes qui se lancent dans l'aventure. Je vais récupérer des menus de conscrits (avec une vingtaine de plats) et des cartes postales chez mon fils qui est antiquaire et je te les ferai parvenir .
Toute la nuit je me suis remémoré des "tranches de vie" avec mes grands parents. Du côté paternel ils étaient agriculteurs, du côté maternel boulangers.
Chez mes grands parents agriculteurs j'ai revu la ferme qui avait appartenu à un fermier qui s'était pendu un jour de fête au village (la corde est toujours là en bout de l'échelle
pour aider à grimper au dessus de l'écurie des chevaux afin de distribuer le foin dans les rateliers). Elle se compose d'une maison d'habitation, d'une grange abritant à une aile l'écurie des chevaux, à l'autre l'étable. A l'un des pignons de cette grande bâtisse se trouve une pompe et une énorme auge en pierre longue comme un sarkophage où les chevaux venaient s'abreuver trois fois par jour, à l'autre un hangar pour ranger le matériel agricole et le bois de chauffage , les soues à cochon, les poulaillers et les clapiers. Tous ces bâtiments sont implantés autour d'une cour où évoluent des poules, des dindes, des canards et des pintades et d'un jardin clôt où poussent des herbes aromatiques (thym, laurier, ciboulette, persil et oseille), des fraisiers, des frambosiers, des carottes, des haricots, des petits pois, des choux, des salades, des radis etc ...Derrière cet ensemble s'étend sur un hectare ce qu'on appelait le "mée"(je ne garantis pas l'orthographe). Sur ce terrain partagé en deux par une rangée d'arbres fruitiers (pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers) mon grand-père plantait des pommes de terre , des betteraves fourragères pour les chevaux et les lapins, de la luzerne et du chanvre pour mes tourterelles. J'ai oublié le tas de fumier implanté vers les soues à cochon où je revois un magnifique coq au plumage somptueux . Il symbolisait bien les français d'aujourd'hui qui chantent alors qu'ils ont les pieds dans la m.....).
Voilà le décor planté maintenant il me reste à vous raconter des scènes qui s'y sont déroulées. Je vais commencer par le battoir . Ce mot désigne à la fois la machine et l'évènement . La machine appartenait à la famille LOUILLAT . Elle se déplaçait de ferme en ferme avec la main d'oeuvre indispensable à son fonctionnement : 4 ou 5 hommes qui munis de fourches à 3 dents tendaient les gerbes entreposées dans les "châs" pendant la moisson, vers le haut de la machine en direction de celui qui coupait les ficelles et de celui qui étalait la gerbe vers la "gueule" de la machine. Devant celle-ci il y avait encore 2ou 3 ouvriers : un pour mettre les sacs qui recueillaient le grain et deux pour monter les dits sacs au grenier. Derrière la machine, à la presse 2ou 3 hommes récupéraient les bottes de paille qui serviraient de litière au bétail et la "bouffe" 'l'enveloppe des grains de blé, d'orge ou d'avoine)qui serait incorporée au repas des vaches durant l'hiver.
Je revois ces journées de dur labeur et de fête comme si j'y étais. Je revois le préposé à la mise en route de la machine le matin vers 5h 30 s'acharner sur la manivelle (capable par un retour de te briser l'avant bras) qui permettait de mettre en route le tracteur "Société Française" de Vierzon dont la poulie transmettait par un longue courroie son énérgie à la poulie de la batteuse. La formidable explosion qui ponctuait la mise en route du tracteur donnait le signal du départ aux ouvriers qui avalait d"une gorgée leurs dernier verre de gnôle avant de rejoindre leurs poste de travail et à partir de ce moment c'était une véritable fourmilière qui se mettait au travail, chaque membre avait sa spécialité . Je me revois enfant porter à boire à ces hommes suants, habillés d'un pantalon de toile ou de velours , d'un "marcel" ou d'une chemise et d'un foulard autour du coup pour éviter les démangeaisons dûes aux barbes d'orge et une casquette ou un bérêt vissé sur le crâne. Je les revois : le "Braillard" maigre comme un clou mais toujours volontaire pour porter les sacs et qui couchait parfois sous la machine car incapable de rentrer chez lui et ayant trop peur de ne pas être là le lendemain, "Saverio" un italien qui chantait jusqu'à l'extension des feux , le "Badaud", le "Coucou" ,le "Milo" etc . Je les revois en train de s'affairer dans unn bruit d'enfer, dans une chaleur étouffante puis discuter haut et fort tout en mangeant et en buvant, tenez vous bien, du Pommard tiré au tonneau puis après le café la "goutte" (de la prune distillée quelques années auparavant). J'ai essayé de me rappelar ce qu'il y avait aux menus des différents repas : du poisson (mais pas plus de deux fois... c'était une exigence des ouvriers) , de la viande de cochon, de la volaille, du gibier et des légumes du jardin, de la salade, des fruits et du fromage, le tout copieusement arrosé faisant mentir le proverbe qui affirme qu'un veau qui tète bien n'a pas besoin de manger !... Ahura.
http://duvergerjb.e-monsite.com/album/tableaux-acrylique-scenes-de-vie/1 - Veillée
Ou encore :
http://i40.servimg.com/u/f40/11/40/28/12/mai_4010.jpg
1940, les chevaux réquisitionnés, les anciens et les femmes dressaient vaches et bœufs pour continuer le travail
http://i40.servimg.com/u/f40/11/40/28/12/battag10.jpg
scène de battages années 50
http://i40.servimg.com/u/f40/11/40/28/12/petit_10.jpg
1920 : le petit train à voie étroite passe toujours, pendant que les paysans transportent en barques le bois de chauffage en hiver. .
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http://ruminanc.blogspot.fr/2011/11/les-lavandieres.html
http://ruminanc.blogspot.fr/2011/04/la-coussotte.html
http://ruminanc.blogspot.fr/2011/02/college-college.html
http://ruminanc.blogspot.fr/2011/01/retour-aux-sources.html
Merci à Jean-Claude pour tous ces liens
Millet, Les lavandières sur francophonia.net
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Sur les 4 liens suivants, cliquer sur les espaces vides, l'illustration apparaît !
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C'est de loin qu'on les entendait. Les lavandières étaient alignées, le long des bords en pente du lavoir, et paf ! paf paf ! elles battaient le linge avec leurs battoirs de bois, grosses spatules épaisses, blanchies et polies par le travail. Elles se faisaient face, car deux lignes de ces blocs de granit noir bordaient le bassin d'eau claire et courante. Une source alimentait ce bassin, source qui alimentait un ruisseau en amont et en aval de ce lavoir sûrement ancien. Abondante, une partie de son cours régulée par une sorte de petit barrage longeait à l'extérieur le lavoir, se déversant dans un lit serpentant. Juste à la hauteur de l'entrée du lavoir, une rangée de pierres délimitait une profondeur un peu plus importante. Juste au-dessus une sorte de barrière métallique empêchait les animaux de remonter le ruisseau, et régulièrement bovins et caprins venaient là boire avant de rentrer à la ferme. Il était même amusant de rencontrer ces troupeaux faisant la queue vers sept heures du soir, maintenus par leurs bergers en attendant que le troupeau précédent ait terminé. Chacun de ces groupes d'animaux ne comportait guère que de trois ou quatre unités, jusqu'à une douzaine pour les "grosses fermes".
Et pendant ce temps (enfin, c'était en général plus tôt dans la journée) ces dames maniaient avec détermination leurs battoirs, retournant et retournant le linge qu'il fallait rincer dans l'eau froide. Un passage dans l'eau, elles tordaient un peu, paf ! paf ! un retour à l'eau, elles battaient à nouveau, puis passaient à la pièce suivante. Malgré la roideur des tissus, parfois filés et tissés sur place, les chemises, jupons, et autre pièces de lingerie n'arrivaient pas au poids des draps, épais et cartonneux souvent. C'est pourquoi elles n'avaient pas vraiment des silhouettes de mode : au contraire, leurs bras robustes se comparaient avantageusement avec ceux des hommes, malgré le côté essentiellement manuel des travaux des champs.
Bien entendu, ces assemblées, qui duraient des heures, étaient l'occasion de discussions animées, puisque c'était le seul moment où elles avaient le temps d'échanger ragots et nouvelles locales. Il fallait les voir bla bla, paf paf, bla bla, les paroles rythmées par les mouvements des bras ! C'était ainsi que se constituait la gazette, seulement orale bien entendu.
Ce passage au lavoir n'était que presque la fin d'un long processus. Dans un coin de pièce de la ferme, une énorme "pouëloune" de fonte était chauffée par un feu de bois dans une sorte de gros réchaud adapté, de fonte également. L'eau y bouillait, additionnée de lessive plus ou moins artisanale, et de "boules de bleu" qui gardaient la blancheur au linge, alors que naturellement il avait tendance à jaunir. Quand l'ensemble avait bouilli deux ou trois heures, c'est là que les ménagères essoraient sommairement literie et vêtements, et les entassaient dans une brouette, avec leur genouillère, cette sorte de caisse où elles posaient leurs genoux le long de la pierre à laver. Elle y mettaient en général un coussin, pour que l'épreuve soit moins rude.
Au retour de l'expédition, une fois par semaine, ou par mois, selon les besoins, le linge était essoré le mieux possible - à la main bien entendu - et étendu sur de longues cordes étendues dans les jardins, ou sous des hangars quand ils étaient vidés de leur paille. Il y restait souvent plusieurs jours, s'il ne pleuvait pas. Sinon, il fallait le rentrer précipitamment s'il était dehors, puis l'étendre à nouveau dès que l'averse avait cessé. En hiver, ces travaux étaient pénibles, avec le froid, bien que l'eau de source fût souvent plus "chaude" que l'air, le bassin "fumait" par les petits matins gris quand les écoliers le longeaient.
Dans mon village, pourtant bien petit, quatre lavoirs se partageaient la faconde des lavandières, chacun alimenté par une source différente. L'employé municipal, périodiquement, en nettoyait fond et bords afin que l'eau reste propre. Les sources existent encore aujourd'hui, mais les nappes phréatiques sont désormais beaucoup plus profondes en raison de l'eau courante pour tous, alimentée par un château d'eau couvrant douze communes. C'est pourquoi, désormais, les lavoirs ne sont plus abreuvés que par des filets d'eau, et le fond des bassins s'est un peu embourbé avec le temps. Qui, aujourd'hui, oserait encore s'en servir comme les "dames du temps jadis" ? Ce n'est pourtant pas si ancien, puisque pendant des années j'ai vu et entendu ces gestes sans doute millénaires.
"Mais où sont les neiges d'antan ?"
Illustrations pour compléter :
lavoir "Du Rat Bianc"
lavoir Grand'Faintane
lavoir des Bicanes
.http://ruminanc.blogspot.fr/2011/11/les-lavandieres.html
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« All' ont ben changé, les affaires, oui dame, dans nos coins pardus.
Si nos défunts grands-pères retourniont, le s'y reconneuteriont pus. »
Yves Rabault, poète patoisant, Barde poitevin, que j'ai bien connu, avait écrit ce petit sketch il y a pas loin de cinquante ans. Je me souviens mal de la suite, dommage !
Il y a peu, j'ai eu enfin la chance de revenir sur les lieux de mon enfance. C'était l'époque où la télévision n'existait pas, où l'eau venait du puits de chaque maison. Il fallait pomper, avec la pompe à balancier. Chaque matin, le premier travail en hiver consistait en l'allumage du feu, dans la grande cheminée. Keuff ! Keuff ! Keuff ! Au départ, cela fumait, toute la maison était imprégnée de cette odeur, au fil du temps.
Pour se déplacer, à part de bonnes chaussures ou un vélo soigneusement révisé, la seule façon de se déplacer était le char à bancs, attelé sur le petit cheval de la ferme. Par temps de pluie, on relevait la capote, qui ne protégeait guère quand le vent poussait les gouttes presque à l'horizontale. Mais n'y avait-il pas le « grand parapuie biu », cette immense ombrelle bleu charrette dont les « baleines » étaient vraiment taillées dans des fanons de baleine ?
Tout le monde connaissait tout le monde, dans le village et les autres communes environnantes. On ne se déplaçait pas, les mariages (obligatoires) se concluaient entre voisins, à quelques kilomètres à la ronde. Tout le monde était un peu le cousin de tout le monde. Et si par hasard il fallait aller plus loin, n'y avait-il pas le petit train à voie étroite, qui rejoignait la « grande ligne » à une dizaine de kilomètres ? Si l'on était un peu en retard, il suffisait de courir : un peu plus loin que la gare veillait la « côte de la beurrerie », qui obligeait la poussive locomotive à rouler presque au pas. Qui perdait son chapeau (tout le monde était couvert) en raison du vent descendait en marche, et remontait un peu plus loin, le galurin vissé sur le crâne. Hasard des correspondances, pour faire les vingt kilomètres aller et autant au retour vers la préfecture, il fallait prévoir une nuit d'hôtel. Autant aller à pied...
Dans cette fameuse « beurrerie » était traité le lait de la commune. Quelques ouvriers s'en occupaient, l'un d'eux allait collecter le lait chez les habitants. Avec sa carriole à cheval, il s'arrêtait à chaque ferme. Le précieux liquide avait été transvasé du seau de traite dans d'autres seaux plus grands, en aluminium épais. Le laitier versait le contenu de ces récipients dans de grands bidons, après avoir mesuré la quantité fournie avec son décalitre. Oui, cela faisait beaucoup de transvasements. Mais le beurre qui en résultait était excellent, il avait même obtenu la médaille d'or au salon de l'agriculture de Paris, en 1902. Comme il était vivant jusqu'au bout, il se défendait très bien contre les agressions microbiennes, à la différence du lait industriel qui est tué tout de suite.
Le temps n'avait pas la même valeur qu'aujourd'hui. Plus jeune, mon grand-père n'hésitait pas, une fois par an, à prendre à pied le chemin d'un village éloigné, à une trentaine de kilomètres, pour la foire aux bestiaux. Il partait très tôt, bien avant le lever du soleil. A la nuit tombée, il était revenu. Les journées étaient longues, dès six heures c'était la traite du matin, et on ne se couchait guère avant vingt-trois heures. Sieste recommandée. Aujourd'hui, les lieux n'ont pas tellement changé. La petite ferme où je suis né, ainsi que ma grand-mère, son propre père le menuisier-charpentier, et ainsi de suite, abrite aujourd'hui de jeunes artistes qui font des cours de dessin, de peinture. Cela s'appelle « Le balet des Arts ». Avec un seul L, c'est le mot local pour un hangar. Les volets ont tous été repeints au fameux « bleu charrette » célébré par une autre maison placée au bord de la Sèvre, que l'on retrouve sur tant de dépliants touristiques.
Juste à côté de la maison, une fuye se dresse toujours là, restaurée à l'initiative de l'ancienne députée du coin (SR) : elle n'abrite plus de pigeons « fuyants » (sauvages) depuis longtemps. Maintenant, elle se visite librement, mais autrefois elle appartenait à la vieille voisine de l'autre côté de la rue, une rentière qui n'avait jamais travaillé, qui avait appris le maintien, la broderie, toutes ces choses si importantes auxquelles s'adonnaient les jeunes filles « de bonne famille » de la fin du XIXe siècle.
Cette vieille dame, chez qui j'étais toujours très bien accueilli par elle, et sa servante à tout faire, habitait une demeure typique des grandes fermes saintongeaises. C'est entouré de grands murs, on aperçoit difficilement le corps principal du bâtiment. Les ouvertures très chiches côté rue sont compensées par celles, bien plus abondantes, du côté jardin. Pendant que la maîtresse lisait son journal, passait avec délicatesse un chiffon sur les meubles et les bibelots, priait, recevait des « personnalités », élus locaux, notables, même un sénateur, la servante gérait l'immense jardin potager, celui d'agrément avec ses pelouses et ses allées, le poulailler, les lapins, faisait la cuisine, cirait les escaliers (une savonnette), ne s'arrêtait presque jamais. C'était presque l'autarcie. Dans une dépendance, l'alambic dont une partie avait été confisquée par les allemands pour son cuivre, était de la taille de ses cousins d'un petit peu plus au sud, là où le vin local a le droit d'être transformé en Cognac. Sans doute la fortune des maîtres des lieux venait-elle de là.
Même la lessive était une affaire importante, et peu fréquente. Le linge et la literie étaient enfournés dans de grandes « ponnes » de pierre, des récipients de plus d'un mètre de large, sous lesquelles on allumait du feu. En guise de lessive, c'est de la cendre qui était ajoutée au linge. Une fois la « cuisson » terminée, le tissu lourd et trempé était sommairement tordu, puis déposé sur une brouette en direction du lavoir le plus proche. Mon village, pourtant bien petit, en comptait quatre, qui ont été récemment restaurés comme la fuye. Les femmes, qui ne manquaient pas de muscles, s'y déplaçaient, et pièce par pièce plongeaient leur chargement dans l'eau souvent glacée, puis le battaient comme les lavandières de partout afin de le rincer. De retour chez elles, elles l'étendaient pendant des jours. Le tissu des draps, souvent de fabrication locale, était généralement très lourd, très épais et très rêche. Elles l'avaient filé à la veillée avec leur rouet, et des tisserands installés dans des moulins à eau transformaient ce fil, de laine, de chanvre, en toile.
Dernier point remarquable, près du vieux château féodal qui autrefois prévenait les incursions des Vikings, quand la mer arrivait pratiquement jusque-là, le port était un point de passage obligé pour les paysans allant chercher du bois dans les marais. Des bestiaux empruntaient les « batais » comme les humains, mais plus grands, pour changer de pré. Des chasseurs aussi avaient leur petit « six pieds » pour le gibier d'eau. C'était, si l'on se réfère à des photos dont je ne sais pas ce qu'elle sont devenues, des allées et venues continuelles. Ces photos avaient été prises par mon arrière-grand-père, à une période où peu de gens pratiquaient ce loisir.
J'ai pratiquement connu tout cela. Peut-on seulement imaginer combien les conditions de vie ont évolué depuis ?
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Il faut avoir une idée de ce que voulait dire, il y a plus de 50 ans maintenant, "aller en Sixième". Seuls quelques-uns, ceux qui avaient les meilleures notes, pouvaient espérer sauter le pas. Les autres continuaient après le Cours Moyen, à suivre ce qu'on appelait le Cours Supérieur pendant trois ans, jusqu'au légendaire Certificat d'Études Primaires. Dans le cas le plus simple les gamins se retrouvaient au Cours Complémentaire, au chef-lieu de canton, pour quatre ans. Un car de ramassage faisait donc le tour de toutes les communes, une douzaine, qui le composaient.
Pour ceux, nettement moins nombreux encore, qui "optaient" (comme si on leur demandait leur avis) pour "l'école libre" (traduisez confessionnelle, qui de toute façon dans ma région n'existait pas en Primaire), il fallait aller jusqu'à la ville, en l'occurrence le chef-lieu du département (mazeeeette). Vingt kilomètres, le bout du monde, quoi, pour des enfants qui ne connaissaient au mieux leur environnement qu'à sept ou huit kilomètres de rayon, ce qu'on peut faire en vélo.
Ce fut pour mes parents, qui ne démordaient pas de leur "école libre", l'occasion d'acheter leur première voiture, une 4CV d'occasion. Ce fut pour moi, à qui il fallait toutes les chances de mon côté, l'occasion de découvrir l'anglais chez une fille qui en connaissait un peu plus, et qui m'a fait des cours pendant toutes les "grandes vacances" deux fois par semaine. Je dus aussi, sur le conseil appuyé du directeur en soutane du futur collège, m'astreindre à des pages et des pages d'écriture, que dis-je, de calligraphie, en anglaise droite, seule façon d'écrire correctement selon ses dires.
Pendant ce temps-là, tout le "trousseau" imposé fut avec minutie étiqueté avec mon nom en toutes lettres, par ma mère qui souvent râlait à ce propos. Il y en avait, des pièces obligatoires !
Arriva le jour de l'emménagement. Arrivée dans ce vieux collège froid et encore désert (il était tôt). Les rares parents déjà arrivés montrèrent à des parents plutôt désorientés les différents endroits où aller, la "salle des chaussures" aux relents indélébiles, le dortoir immense avec les lits tout petits (quelque chose comme 140x70) alternant avec de petits meubles à vêtements, le réfectoire aux noms déjà indiqués sur une pancarte, par tables de 6...
Tout ce chambardement terminé, il ne resta plus qu'à prendre congé, avec des au revoir un peu mouillés. Direction la cour de récréation, où déjà je portais la tenue obligatoire, la grande blouse grise si gaie et si sympathique. Tout le monde se regardait avec curiosité, sachant que les habitués arrivaient plus tard.
C'est ainsi que je me suis retrouvé en pension. Tout était minuté par la sonnerie déclenchée par la grande horloge électrique. Tous les matins à 6h30, c'était le réveil et la toilette, à 7 heures la descente en étude jusqu'à 7h30 : direction la messe. A 8 heures, c'était le petit déjeuner, puis la récréation. 8h30, les cours commençaient jusqu'à midi, avec une pause d'un quart d'heure. Dès le déjeuner fini, c'était le retour en étude pour encore une heure. Une demi-heure de récréation faisait la coupure, jusqu'à la fin des cours à 17h. Encore une "récré" d'une demi-heure, et c'était la "grande étude" jusqu'à 19h. Le repas du soir terminé, soit on repartait en étude, soit une fois par semaine (le jeudi) c'était le retour à la chapelle (du couvent?) pour les Complies. Puis à 21 heures, après une brève toilette, c'était l'extinction des feux. Été comme hiver.
Le samedi était un jour comme les autres. Le jeudi (pas le mercredi), après les cours du matin et le déjeuner, certains profitaient d'une brève sortie avec les parents qui pouvaient venir. A 17h 30 il fallait être rentré. Il y avait aussi la possibilité d'une sortie pour le dimanche, après 17 heures le samedi, avec rentrée là aussi pour 17h 30 le dimanche.
Ceux qui ne partaient pas avec leurs parents avaient "droit" à aller jouer au football le jeudi après-midi, sur un stade assez proche. Je détestais le "foot". Je préférais me geler sur le bord du terrain. Je n'étais pas le seul. Le dimanche, c'était le matin la grand-messe, et l'après-midi la promenade. Elle nous emmenait un peu n'importe où. Parfois on atterrissait au stade de foot où des "grands" jouaient "pour de bon". L'équipe locale était selon les années en première ou seconde division amateur. Il arrivait aussi que nos pas nous portassent au stade de Rugby : c'était déjà plus amusant. Mais bah ! je n'ai jamais été sportif.
Quand on sortait le dimanche, il fallait enfiler l'uniforme : costume bleu, chaussures noires type "richelieu". Parfois on croisait le troupeau des filles, d'un autre collège-lycée voisin, en bleu elles aussi avec une sorte de... bouse ? bleue sur la tête. Gloussements de part et d'autre. Mais attention ! Pas trop fort, sinon on rentrait directement au pas cadencé à l'étude !
Une fois par an, c'était la fête, les Portes Ouvertes. Stands débiles, musique... on connaît la chanson ! Nous étions tous ce jour-là en culotte courte, chemise blanche, petit ruban bleu noué en guise de cravate. Cette fête permettait de financer des améliorations, comme la télévision qui est apparue un jour, vers la fin de mon "séjour". Le matin, comme c'était en mai, le collège entier défilait en ville, par rangs de trois espacés de deux mètres en largeur et en profondeur, au pas cadencé. Un petit orchestre placé en tête, que les méandres des rues ne permettaient pas toujours d'entendre, donnait la mesure comme il le pouvait. Heureusement, les voitures étaient encore assez rares.
Je ne garde pas du tout un souvenir ému de mes quatre ans chez les "frères Quat'Bras", comme on les appelait. C'est au contraire pour une sorte de catharsis que je rapporte ici ces quelques souvenirs. Brrrr...
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Ah petits malins ! J'en vois ouvrir des yeux ronds : mais qu'est-ce donc qu'une coussotte ? Je parie que lapecnaude sait, mais des difficultés de santé la privent momentanément de clavier. Comment réglait-on l'absence d'eau courante, autrefois ? Cela obligeait à utiliser plusieurs ustensiles dont certains ne seraient guère nécessaires aujourd'hui. Il fallait un puits, avec de l'eau potable dedans. En raison des captages urbains, qui aspirent les nappes phréatiques, ces puits aujourd'hui sont quasi secs, et souvent infestés de nitrates. Il fallait un seau. On en trouve encore. Il fallait un manche, pour y accrocher ce seau avec une sûreté anti-décrochage. Les paysans savaient en fabriquer eux-mêmes, à partir d'une petite branche bien droite. On plongeait le seau dans le puits, pour ramener cette eau, bien fraîche même en été, dans la cuisine familiale.
Là, comment faire, pour tout simplement se laver les mains, ou boire à la régalade, ou... ? Intervenait cet instrument que, dans le Poitou récemment encore (une bonne quarantaine d'années), l'on nommait la coussotte. Il s'agissait d'une sorte de petite casserole métallique (on en a même faites en plastique) à laquelle était fixé un manche rond, long, effilé et creux. A la soudure entre les deux, la casserole était percée.
Cette coussotte , il suffisait de la plonger dans l'eau pour la remplir, et de la poser sur les deux bords opposés du seau, lui-même installé dans l'évier familial. S'échappait un mince filet d'eau, comme d'un robinet. Il suffisait de replonger la chose dans l'eau, pour la remplir à nouveau. Combien de fermiers autrefois, pressés par le labeur, se contentaient le plus souvent de ce robinet primitif pour leurs ablutions quotidiennes, et ne se lavaient sérieusement que le dimanche le plus souvent !
. Le boucher de campagne allait de ferme en ferme pour tuer le cochon, le débiter et le saler. Cet ancien métier à pratiquement disparu avec l'arrivée de nouveaux moyens de conditionnements (congélateur, conserve) Les habitudes alimentaires ont également évoluées ainsi que l'élevage des porcs. Rares sont les porcs élevés naturellement.
http://brazey-en-morvan.mairie.pagespro-orange.fr/Les%20metiers%20d%27hier%20et%20d%27aujourd%27hui/les%20metiers%20d%27hier/les%20bouchers%20de%20campagne.htm
Récupération du sang pour fabriquer le boudin
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Dans les temps forts de la vie à la ferme il en est un dont je me rappelle très bien : celui du jour où l'on sacrifiait le cochon. Il avait été acheté à la foire encore porcelet. Il avait été nourrit de "lavure" (patois local) et de petites pommes de terre cuites dans une chaudière . J'en prélevais chaque fois quelques unes pour ma consommation personnelle tant elles étaient délicieuses. Quand son poids dépassait les 100 kg je pense il était décidé de le tuer. Le tueur arrivait à l'aube et les cris de la pauvre bête me réveillait . Je me fourrais la tête sous l'oreiller pour ne plus entendre ses cris de détresse. Mon grand-père de son côté avait trouvé une excuse pour ne pas être témoin. Un quart d'heure plus tard je me levais et je fonçais sur les lieux du drame. Lee armes du crime étaient là bien en évidence : le pistolet d'abattage et un couteau avec la lame maculée de sang. Le corps de la pauvre bête gisait sur une sorte de civiére en bois tandis que le "tueur" aidé par ma grand-mère préparait un feu sur lequel on allait allongé la dépouille du porc afin de le "friller" (comprenez enlever les soies). Dès que cette opération était terminée le boucher récupérait les abâts et les viscères car dans le cochon tout le monde le sait tout est bon. Il séparait la tête du tronc et la déposait sur un grand plat en attendant de faire du fromage de tête. Le tronc était alors suspendu par les pattes arrière à 2m du sol, puis fendu en deux puis découper en jambons, en tranches de grillades et de lard qui finissaient dans le saloir en grés, en côtelettes et en bien d'autres délices. Avec le foie et les reins je pense, il confectionnait , enveloppés dans la coiffe des "atreaux". Avec le sang et les boyaux soigneusement nettoyés et échaudés il fabriquait de longs chapelets de boudin, lovés comme un serpent sur de grands plats ronds en attente d'être dégustés le soir même avec les voisins et les amis ! Ma grand-mère ne laissait à personne le soin de faire le jambon persillé . Je la regardais faire . Dans un grand saladier elle disposait un morceau de "singalette" (toile fine en provenance du tissage local)puis son mélange de viande et de persil haché finement. Elle rabattait les pans de tissus débordant du récipient pour recouvrir la préparation et mettait dessus un poids . Après quelques jours d'attente , elle enlevait le poids, dépliait la fine toile comme un pansement et armée d'un couteau extrêmemnt pointu et extrêmement affûté elle nous faisait déguster sa spécialité. Une boucherie locale a plusieurs fois remporté un premier prix à la foire gastronomique de Dijon pour son jambon persillé. Sans chauvinisme déplacé ma grand-mère aurait été hors concours ! si elle avait participé à ce concours ! Ahura .
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Cinémas d'antan :
La façade du cinéma de Villers-Cotterets après avoir été baptisé du nom de Club 80 (Sept 79)
Cinémecanicca Victoria V5
La salle était équipée d'un appareil de projection au top, acheté par Mr Jost au début des années 70.
La salle 2 et ses 97 fauteuils rouges
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Le Gaumont à sa réouverture (Collection Privée)
http://ramocblogsalledecinema.over-blog.com/categorie-12045168.html
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Mercerie ancienne
http://forums.marieclaireidees.com/static/mesimages/64438/DSCN0944.JPG
Herboristerie ancienne .
Tracteur (via un Lecteur, Claude)
A mesure que j'écris, les souvenirs affluent et je ne sais où donner de la plume ! Je vais donc enchaîner par un autre temps fort de la vie à la ferme à savoir la moisson. Mon grand-père s'était levé à l'aurore pour donner à boire et à manger à ses trois chevaux ( Pierrot, Filou et Coquette) deux heures avant d'aller au travail et ce afin qu'ils ne fassent pas des coliques . Mon père l'aidait à harnacher les chevaux. Il mettait en place d'abord la bride avec le mors, le collier avec les grelots, le reculoir puis il les attelait les trois de front comme une troïka devant la faucheuse lieuse de marque Mac Cormick repliée pour aller de la,ferme au champ. Après avoir passé du "Terrible" une sorte de liqueur puante sur le corps de chevaux afin de repousser les attaques des "tavins" lisez des taons, il grimpait sur le siège de la machine et direction le champ à faucher dans lequel il avait fallu faire le pourtour à la faux pour ouvrir le passage à la machine. Arrivé dans le champs il fallait déplier la faucheuse et disposer le tablier et les rabatteurs perpendiculairement au sens de fauche. Cette opération réalisée la ronde infernale débutait. Je revois mon pèré jugé sur son siège le paquet de rênes dans les mains, les chevaux avançant sous un soleil de plomb et moi grimpé juste derrière le tablier de la machine je regardais les tiges de blé coupées monter en un flot continu pour être regroupées jusqu'à former une gerbe liée avec une ficelle puis éjectée au sol en attendant d'être rassemblées par mon grand-père , ma grand-mère et ma mère par 5 ou 6 pour former une "maillette". Il n'était pas rare que l'on ne débusque pas un lièvre ou que l'on trouve de petits levreaux durant la journée comme il n'était pas rare que l'on tombe en panne, souvent à cause de la ficelle qui cassait. Les chevaux devaient être heureux par contre les hommes pestaient car il fallait se fourrer sous la machine et dans la poussière . Les seules pauses prévues étaient pour casser la croûte. Tandis que les chevaux mangeaient leur avoine dans une musette , les hommes se regroupaient sous des ormes , à l'ombre et déballaient le pique nique et les bidons d'eau fraîche, bidons rapportés du front ... et les bouteilles de vin (pas de bière). Tous les acteurs ayant repris des forces le travail reprenait jusqu'à ce que la rosée monte et empêche le fauchage de se poursuivre . Il fallait alors replier la machine et reprendre le chemin de la ferme . Les chevaux étaient dételés, brossés, abreuvés, nourris puis les hommes après s'être lavés , rechangés se retrouvaient autour de la table. Je revois mon grand-père qui sans goûter la soupe aux vermicelles la salait , la poivrait (avec de l'avoine de curé) et quand il n'en restait plus que quelques cuillers au fond de son assiette y versait du vin rouge ! Il ne regardait pas la télé puisqu'avant les Jeux Olympiques de Rome (je me souviens que la première chose que j'ai vue à la télé de mes grands parents c'était l'arrivée triomphale de Bikila Abebe ce devait être en 1960 date à laquelle un c.. de toubib avait affirmé à ma grand mère que j'avais la poliomyélite moi qui était tout le temps dans la rivière)ils n'avaient pas la télé et que par la suite le petit écran ne l'attirait pas
du tout. A 8h il allait voir ses chevaux puis à 8h 30 il allait se coucher. Aujourd'hui certains trouveraient ridicules qu'on se soucie tant de ses chevaux mais lui savait bien que si l'un d'entre eux tombait malade en pleine moisson par exemple ou au moment des betteraves cela aurait été une catastrophe. Ses chevaux étaient comme la prunelle de ses yeux et lorsque l'heure de la retraite a sonné et que le maquignon a embarqué ses fidèles compagnons, il est mort une première fois ! Ahura .
Eva ! Dans ma galerie de portraits des saisonniers qui oeuvraient autour de la machine à battre j'en ai oublié trois : le "grand Nénese", le "Titou" et le "Maraud". Ce dernier, vieux garçon me voyant en admiration devant une voiture de course pilotée par Fangio dans la vitrine d'un magasin les veilles de Noël me l'avait achetée malgré le prix élevé (plusieurs journées de travail je pense) ! Me remémorer cet épisode de ma vie m'a fait penser à Cosette et à Jean Valjean et m'a fait monter les larmes aux yeux ! J'ai retrouvé cette voiture en tôle sur Internet . Elle vaut très cher pour des collectionneurs avertis. Ahura .
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http://duvergerjb.e-monsite.com/album/tableaux-acrylique-scenes-de-vie/1 - Bergères
Que d'émotion ! Merci cher Ahura, en notre nom à tous... (eva) .
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http://duvergerjb.e-monsite.com/album/tableaux-acrylique-scenes-de-vie/1 - Laboureurs
Eva ! en écrivant j'ai l'impression de faire revivre tous les animaux de la ferme et tous les personnages qui y ont travaillé. Tant qu'il y aura quelqu'un pour penser à eux , ils ne seront pas totalement morts. Cette citation n'est pas de moi et elle s'adressait aux poilus de 14-18 mais elle me parait très bien convenir à ces hommes et à ces femmes qui vivaient du travail de la terre , sans subventions, sans assurances , avec leurs tripes (je ne veux pas être vulgaire) et leur couteau ! Leur rendre hommage est la moindre des choses . Je vais donc poursuivre mon ouvrage (en allant plus doucement et en évitant les fautes d'orthographe) et en évoquant une journée consacrée au labour ! La journée débutait comme d'habitude pour mon grand-père vesr 5h du matin. Il se précipitait à l'écurie pour vois si ses 3 chevaux avaient bien passé la nuit et leur donnait à boire et à manger, avant de venir prendre son petit déjeuner. Ma grand-mère préparait sa musette et mon petit déjeuner (café au lait de chèvre) pendant que lui attelait les chevaux au chariot derrière lequel était attaché le brabant réversible. Le soleil n'était pas encore levé lorsque le convoi sortait de la cour de la ferme en direction du champ à labourer. Je me souviens qu'il fallait traverser un passage à niveau . Pour cela il fallait à l'aide d'une sonnette avertir la garde barrière qui habitait à moins d'un kilomètre en amont je pense et celle ci faisait lever les barrières afin que nous puissions continuer notre route en direction d'une pièce de champ de plusieurs hectares au lieu dit " La Miotte" sur le cadastre "la Mieutte" en patois local. Je me rappelle d'un jour où le brouillard commençait à se lever et où nous avions vue un groupe de lièvres en train de "bouquiner" ! (faire les fous au moment de la saison des amours). Arrivé dans le champ mon grand-père détachait le brabant, dételait les chevaux du chariot et les attelait en file indienne sur la brabant. Une chienne nommée Rita nous accompagnait souvent et partait chassé toute seule dans les bois environnants . La séance de labour pouvait commencer. Les trois chevaux (Coquette en tête, Filou au centre et Pierrot) obéissaient à la voix de leur propriétaire qui appuyait de tout son poids sur la charrue afin que le soc s'enfonce plus dans la terre grasse et généreuse. Le premier sillon devait être droit et la jument de tête avait son importance. En bout, mon grand-père me demandait de la prendre par la bride et de la guider ? Parfois elle me posait son sabot large comme une poêle à frire sur le pied . Je ne me plaignais pas de peur que mon grand père ne fasse plus appel à moi et parceque j'aimais beaucoup cette jument qui m'aimait aussi beaucoup. (Je vous raconterai une anecdote qui vous le prouvera si vous en doutez ). Arrivé au bout du champ il fallait retourner le brabant et repartir dans l'autre sens. Les chevaux devaient marcher dans le sillon tracé précédemment d'oùu l'importance du premier sillon) et ainsi de suite pendant toute la journée . Il y avait trois pause une à 10 h pour casser une crôûte et boire un canon, une à midi pour déjeuner d'une tranche de lard avec de la moutarde et du pain, de fromages et de fruits et une à 16 heures où j'avais droit à des crans de chocolat Lanvin et du beurre. Mon grand-père, à ma demande me roulait une minuscule cigarette . Je n'en suis pas devenu pour autant un fumeur invétéré puis que je n'ai par la suite jamais fumé de ma vie ! En une journée nous labourions à peu près un journal de terre (soit approximativement 34 ares 284). Nous rentrions à la ferme assis sur le côté du chariot, les jambes pendant dans le vide. La chienne nous avait rejoint comme par enchantement et avait sauté sur le chariot sans demander son reste. Je ne me rappelle pas avoir été fatigué mais fier d'être avec ce grand-père qui m'apprenait beaucoup, bien que ne parlant pas beaucoup et surtout pas de guerre. Une fois il m'avait parlé du chemin des Dames...une seule fois ! par contre il m'apprenait le nom des plantes (en patois), des arbres et des oiseaux. Il m'a fait aimer les chevaux . Il aurait été fier de savoir que j'ai consacré plusieurs années de ma vie à dresser des chevaux et que j'ai descendu les Champs Elysées avec une jument que j'avais éduquée en suivant quelques uns de ses principes. Ahura.
La suite ici :
Témoignages du temps de nos grands-parents (1). Appel à tous les témoins
avec en particulier le film d'un Lecteur :
Cami des Encantats
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John Sloan [1871-1951] - Travail de femme
francophonia.net
John Sloan [1871-1951] - Travail de femme - http://www.francophonia.net/viewtopic.php?p=566366
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Cliquer sur les images, celle-ci est très belle :
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A150/3223
ANDREAS SCHELFHOUT
(1787 La Haye 1870)
Paysage hivernal. Vers 1850. Huile sur toile.
65x93 cm
A150/3076
JOHANN CONRAD SEEKATZ
(Grünstadt 1719-1768 Darmstadt)
Enfants de paysans avec canards et oies.
Huile sur toile. 42x32 cm.
A150/3017
DAVID TENIERS le jeune
(Anvers 1610-1690 Bruxelles)
Scène de village avec joueurs de boules. Vers 1660.
Huile sur panneau. 29,4x25,3 cm.
La suite dans un 2e post,
allez-y, c'est très beau ! Ah, la nostalgie... Eva
Témoignages du temps de nos grands-parents (2). Appel à tous les témoins