9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 06:31

Suite Dossier Tsiganes et Roms, leurs souffrances, leur esclavage, extraits et présentation d'eva, à partir du blog d'Hélène Larrivé, tziganes2.blogspot.com. Dans le précédent post, introduction d'Eva: Tous les génocides doivent être commémorés ensemble. Aucun génocide n'est plus important que l'autre... Et le négationnisme des souffrances des Tsiganes, ça suffit ! Par ailleurs, il me semble nécessaire de rapprocher, en effet, comme l'Administratrice du blog Tsigane2, le sort des Tsiganes de celui, pendant longtemps, des Juifs, également errants d'ailleurs: Mais pour demander à ces derniers de prendre haut et fort la défense de ces frères et soeurs errants et persécutés, et de faire justice sur leurs souffrances passées, en commémorant ensemble la "Shoah" des Juifs et des Tsiganes ! Juifs et Tsiganes ont un commun destin. Fructifions cette idée ! (eva)

 

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 ET AU BOUT DU PERIPLE,
LES CAMPS DE LA MORT 
LES CAMPS DE LA MORT 
  LES CAMPS DE LA MORT  
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En Roumanie, la dictature d’Antonescu et la déportation en Transnistrie ("pays au delà du Dniestr" qui sépare la Moldavie de l'Ukraine) et en Bessarabie (au sud), considérés comme zones de "dépotoirs ethniques" où il envoya également les juifs.
    La déportation des roms : la Transnistrie7c1b7479.jpg
 Le long du Dniestr la Transnistrie -en rouge-, état non reconnu, (fait à présent partie de la Moldavie) est une enclave -utilisée ensuite par l'URSS pour s'assurer un fer de lance pénétrant les Balkans- séparant l'Ukraine (l'Europe de l'Est -ex union Soviétique-) de l'Europe Centrale. Plus au sud, la Bessarabie sur la mer noire. Son climat est continental. C'est là que les roms furent abandonnés et moururent de faim et de froid. Certains toutefois furent recueillis dans des villages. 
La Transnistrie et la Bessarabie, située entre l'embouchure du Prut, du Dniestr et la mer noire furent pour la Roumanie fasciste des zones concentrationnaires à ciel ouvert.
C’est dans cette atmosphère que les Roms traversent l’histoire de la Roumanie, son indépendance, reconnue par le congrès de Berlin en 1878, la participation de la Roumanie à la première guerre mondiale de 1916 à 1918 aux côtés des alliés, puis le rattachement à la Roumanie de la Bucovine et de la Transylvanie (prises à la Hongrie) ainsi que de la Bessarabie (prise à la Russie).
Face à la crise mondiale de 1929 et aux grèves ouvrières qui ripostent à la misère (notamment les grèves des chemins de fer et des ouvriers de l’industrie pétrolière), le parti de la "Garde de Fer ", groupe fasciste créé dans les années 20 par Horia Sima (et où on trouve notamment Ionesco, Mircea Eliane ou Cioran) est soutenu par une fraction croissante de la bourgeoisie. Pogroms fréquents en Moldavie et en Bessarabie à l’encontre des juifs et des roms; par le biais de l’influence du nazisme et des thèses de Ritter, le racisme anti-rom se construit un corpus idéologique "scientifique". Il ne s’agit plus seulement de décrire les Roms comme des "voleurs" et "débauchées", mais aussi, comme Ion Facaoaru, le principal théoricien roumain du racisme anti-rom, de lutter contre "le péril tsigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain". Dès 1938, un Commissariat Général aux Minorités est créé, chargé particulièrement, de la "question tsigane". Les universités, et en particulier celle de Cluj, se tournent vers l’étude de l’anthropologie eugéniste. L’idéologie du "sang pur" de la "race roumaine" menacée par "l’impureté tsigane" se développe.


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En 1940, le roi Carol II abdique en faveur de son fils Michel I, qui appelle au pouvoir le fasciste Antonescu, soutenu par la Garde de Fer, lequel se proclame Conductator de la Roumanie, tandis que l’URSS, dans le cadre du pacte germano-soviétique occupe la Bessarabie et la Bucovine, et que la Hongrie du fasciste Horty annexe le nord de la Transylvanie. La Roumanie devient un Etat "National-Légionnaire" et s’allie avec l’Allemagne nazie. La situation des roms devient dramatique. En 1940, le ministère de l’intérieur interdit aux Roms "nomades" de "rôder pendant l’hiver".

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Des "camps d'extermination" à l'antique, spécificité roumaine  !

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La Transnistrie et la Bessarabie, la faim, le froid, la mort

En 1941, la stérilisation des femmes est instituée. En mai 1942, Antonescu ordonne un recensement général de la population rom, 208.700 Roms sont fichés et le 1er juin, commence la déportation des "nomades et semi-nomades" en Transnistrie nouvellement acquise par la Roumanie. Le 11 août, l’Inspecteur Général du Recensement déclare que 84% des Roms "nomades et semi-nomades" ont traversé le Dniestr. Les ordres précisent de n’informer en rien les déportés sur leur destination. Une fois en Bessarabie, ils doivent changer leur argent en Reichsmarks et sont ensuite assignés à une localité. Un maire de village publie en 1945 ses souvenirs sur cette période : "Fin août 1942 commencèrent à arriver à Trihai, sur le fleuve Bug, des Roms. Ils furent répartis dans les fermes environnantes -ou, pire, jetés dans la nature sans abri possible, nourriture ni vêtements chauds- en une semaine, ils furent quinze milles Roms à arriver dans un état incroyable de misère. Il y avait beaucoup de vieillards... certains étaient nus 
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Cela empire ensuite : à partir du 12 septembre 1942, commence la déportation des Roms sédentaires, en train, y compris les enfants non accompagnés. Ils ne sont autorisés à prendre qu’un seul bagage à main, tout le reste (terrains, maisons, animaux, etc.) étant confisqué. La rafle des roms sédentaires dure huit jours. Les seuls Roms qui évitent la déportation sont ceux des familles de soldats, une mesure prise à la suite de mutineries de soldats roms sur le front lorsqu’ils apprenaient la déportation de leur famille. Voir à ce sujet des témoignages bouleversants sur les roms engagés dans l'armée roumaine contre les alliés qui voyaient les leurs abandonnés dans des campagnes  isolées -avant qu'une "meilleure" organisation ne les fît conduire dans des camions-chambre-à-gaz - où ils mourraient de froid et de faim. Notons à ce sujet que, comme les kurdes, les roms étant de nationalités différentes, lors des conflits, ils se trouvèrent parfois engagés -de force- des deux côtés de la barrière et furent ensuite les premières victimes de la répression lors de la victoire d'un camp sur l'autre. De plus, leurs qualités d'endurance et militaires en faisaient des recrues fort appréciées -il y a peu, en France, on les envoyait systématiquement dans les "bat d'af", régiments d'élite-. Cela explique parfois leur relative "désunion" -comme celle des kurdes-. Plus "français" -ou "italiens", "espagnols", "hongrois" etc... - que roms, en somme. En 40, ce fut dramatique; mais certains parvinrent à déserter et dans la résistance combattirent avec un héroïsme qui laissa trace -un peu-.
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Image du Blog tziganes.centerblog.net
Roms avant leur gazage (Jasenovak)
Le triangle marron, qui s'en souvient ? Voici une vidéo bouleversante: http://www.cyril-lazaro.com/article-plus-de-roms-plus-de-chomage-55952450-comments.html#anchorComment
http://www.dailymotion.com/video/xapdzo_l-holocauste-oublie-le-massacre-des_news


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Poème des camps de la mort
http://romane.blog4ever.com/blog/index-86614.html


Mémoire trouée, un exemple cruel

Les camps d’internement de Lety en Bohême et Hodonín en Moravie sont les symboles de l’extermination des Roms de Bohême-Moravie. Or, qu'y a-t-il à leur place à présent ? Un monument ? Une stèle ? Pas du tout : à Lety se trouve aujourd’hui encore, à proximité, une porcherie ! et Hodonín était jusqu’à l’an dernier... un camp de vacances ! C'est l'absence de reconnaissance du génocide -au point que des roms ont été expulsés de Drancy où ils venaient se recueillir pour commémorer le samudaripen- qui a permis qu'ils soient ainsi traités par la suite, exemple les expulsions de Sarko. Rien ne s'est passé, en somme. http://www.mleray.info/article-30707560.html
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En Transnistrie, les conditions de vie sont dramatiques : famine, froid, et typhus, sans compter ceux qui sont abattus parce qu’ils tentent de s’évader. Certains, y compris l’hiver, étaient nus. La famine est telle que certains Roms mangent des chevaux, alors que pour la majorité d’entre eux le cheval est tabou. Entre 1941 et 1943, 300 000 juifs furent également déportés en Transnistrie. Mais dès fin 1943, Antonescu comprenant que l’Allemagne ne gagnera pas la guerre, les déportations cessent, le roi Michel dissout le gouvernement Antonescu le 23 août 1944, puis déclare la guerre à l’Allemagne.
De 1941 à 1943, on estime à 36.000 le nombre de Roms morts en déportation en Transnistrie.

En Allemagne

77e8d6e5.jpgEn Allemagne et dans tous les pays occupés (dont la France de Pétain)
migration+roms4.jpgL'expression est de Hitler "comme les nègres et les juifs, ce sont des sous hommes qui souillent le sang aryen". A éliminer en priorité. 
De fait, leur sort fut en tout point identique à celui des juifs : déportations, travaux forcés, triangle, stérilisation, extermination, expériences "médicales". Une spécificité ils les utilisaient parfois comme musiciens -avant de les gazer- et accueillaient les convois au son de leurs mélodies. 
 Le stalinisme et Ceaucescu
L’armistice est signé le 13 septembre 1944, et le ministre de l’intérieur exhorte alors les Roms à reprendre leurs activités traditionnelles en Roumanie, devenue en 48 une démocratie populaire, sous le joug de l’URSS stalinienne... où de nombreux assassinats, tortures, arrestations arbitraires, etc.... sont organisés pour permettre à un PC qui ne regroupait que quelques centaines d’adhérents en 1945 de prendre le pouvoir. Il ne semble pas que sous le pouvoir de Gheorghiu Dej, alors secrétaire du PCR, une différence existe entre le sort réservé aux Roms et ceux des autres citoyens de Roumanie, les discriminations racistes s’exerçant plus particulièrement à l’encontre de Hongrois, de Serbes ou de Croates. Les Roms restent néanmoins essentiellement utilisés comme main d’œuvre non-qualifiée de l’industrie et de l’agriculture.
 

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En 1965, Nicolae Ceausescu prend la tête du PC. La Roumanie connaît la plus forte croissance économique de tous les pays d’Europe, et prend ses distances avec l’URSS. Seul pays du pacte de Varsovie qui n’envoie pas ses chars à Prague en 1968, la Roumanie de Ceausescu devient le plus convenable des pays de l’Est pour l’Occident. De Gaulle, en voyage officiel en Roumanie en 1968, proclame " La Roumanie aux roumains ". (Note d'Eva: Quel est le rôle de l'Occident dans la mort - sans vrai jugement, avec exécution immédiate - de N. Ceausescu ?)

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Plutôt indépendante par rapport à l’URSS, la Roumanie développe une idéologie ultra-nationaliste raciste. Ceausescu déclare à plusieurs reprises la supériorité de la race "dace". En dehors de la campagne nationale de 1977 qui confisqua tout l’or (bijoux en particulier) appartenant aux Roms, il existe peu de documents sur la situation particulière des Roms durant la dictature de Ceausescu, mais un fait est avéré : sur les 80.000 enfants trouvés dans les orphelinats roumains en 1990 (en fait de véritables mouroirs au taux annuel de mortalité de 50 et 60% ) 80% étaient des roms (alors qu'ils ne représentent que 10% à 20% de la population roumaine). Epidémies de sida, d’hépatites, et de choléra provoquées par du matériel de transfusion non stérile... etc.. ce nombre incroyablement élevé d’enfants roms dans ces orphelinats serait le résultat d’une politique raciste cohérente du régime totalitaire: au nom d'une prétendue supériorité des "daces", le peuple qui habitait la Roumanie avant la conquête par les romains en 101, les roms étaient réduits à une main d'œuvre servile dont ces mouroirs avaient pour but d'éponger le surplus..

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Les "daces", les "surhommes" contemporains de Ceaucescu.
 
La "révolution" roumaine et les pogroms qui ont suivi
Lors de la "révolution" roumaine de décembre 1989 qui débarrassa le pays des  Ceausescu, l'atmosphère de racisme dont les Roms sont les premières victimes demeurait. Des rumeurs circulent, ils auraient tous étaient des agents de la Securitate, Ceausescu lui-même aurait été un Rom, la presse ne cesse de publier des articles sur des foules de Roms armés de couteaux qui sèmeraient la terreur dans le train Sofia-Bucarest, ou que l’Orient express devra être placé sous surveillance policière pour éviter les raids romani etc... Une véritable campagne de pogroms anti-roms se développe dans toute la Roumanie. Le 24 décembre 1989, dans le village de Virghie, des villageois assassinent deux Roms et brûlent leur maison. A Turulung, 36 maisons appartenant à des Roms sont incendiées le 11 janvier 1990. Le 29 janvier, ce sont cinq maisons qui sont incendiées à Reghin ainsi que quatre Roms assassinés et six maisons incendiées à Lunga le 5 février, etc.

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Du 13 au 15 juin, des mineurs ont été amenés en train à Bucarest par le gouvernement pour réprimer des manifestations anti-Illescu (alors chef du gouvernement) et encadrés par des officiers de police, ces mineurs se sont aussi dirigés vers les campements roms de la banlieue de Bucarest... qu'ils détruisent. Des hommes sont battus jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance et des femmes violées. De nombreux Roms ont alors été emprisonnés et relâchés seulement quelques semaines plus tard, sans qu’aucune charge ne puisse être retenue contre eux. A Cuza Voda, 34 maisons appartenant à des roms sont incendiées et 29 à Catinul Nou le 12 août, etc. De telles violences, quasiment quotidiennes, ont lieu, parfois accompagnés de lynchages. Il arrive que la cause officielle de ces flambées de violences racistes soit une simple rixe à une sortie de bal entre gadjé et roms. Dans ce cas la police intervient, après les pogroms, pour arrêter les roms qui auraient participé à la rixe !
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Après un tel pogrom dans la nuit du 12 au 13 octobre 1993, une commission gouvernementale publie un rapport où l’on peut lire que "les événements n’ont pas motivations ethniques", puis expliquent que la communauté rom a sa part de responsabilité puisque elle est un danger pour la stabilité ethnique du village car ils ont entre 5 et 10 enfants, ne sont pas du village, ne possèdent pas de terre donc "certains vivent du vol"... que leur niveau culturel est très bas, nombreux sont ceux sont illettrés... qu'ils sont orthodoxes mais n’observent pas les rites, n’ont pas formé de société agraire, perturbent l’ordre par des violences verbales, des discussions obscènes, un langage trivial, volent etc. Ce rapport, véritable synthèse des préjugés racistes dont sont victimes les Roms est significatif de la façon dont la police et la justice roumaines traitent alors ces pogroms meurtriers.


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"Mort aux Tziganes"! (en 90!)
Ce genre de violences de grande envergure à l’encontre des roms a perduré pendant toutes les années 90. Depuis, si on en croit le rapport de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (rendu public le 23 avril 2002), "les affrontements violents, comme ceux qui se sont produits durant les années 90 entre les groupes majoritaires et minoritaires de la population, notamment avec la communauté rom/tsigane, se sont apaisés". Pourtant, les discriminations subsistent à tous les niveaux : violences policières régulières, politiques municipales dont le but est de chasser les Roms, ségrégation dans les écoles, discriminations à l’embauche, il arrive que dans les ANPE des offrtes d'emplois précisent qu'elles ne s'adressent pas aux roms, discriminations quant à l’accès aux soins ou à certaines aides sociales, articles de presse et reportages télévisés les présentant régulièrement comme un peuple de délinquants, etc... A cela s’ajoute les partis d’extrême droite raciste, essentiellement le Parti Romania Mare (Parti de la Grande Roumanie) et leur propagande anti-rom, antisémite et anti-magyar (anti-hongrois). La Nouvelle Droite colle régulièrement des affiches avec pour slogans "Mort aux tsiganes !" ou "Les roms hors de Roumanie! "

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C’est ainsi que le 13 mars, une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué un quartier romani dans le village de Sabolciu; le 8 mai 2002, environ 200 supporters de foot s'en sont pris à un quartier rom à Bucarest en criant "les tsiganes hors de Roumanie", les agresseurs tabassant des Roms, cassant les carreaux des maisons et détruisant les portes pour entrer dans les habitations. La Desrrobireja des roms reste toujours à conquérir. Cela explique -à nouveau:- leur exode vers les pays plus "calmes", la France notamment, le pays des droits de l'homme dont Sarko est un pur fleuron (!)

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Notes. Le terme officiel de Roumanie n’apparaît qu’en 1861, après l’unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La Valachie est la région de Bucarest, tandis que la Moldavie celle de Iasi. Le pays qui aujourd’hui s’appelle Moldavie est par contre né de l’unité de la Bessarabie et de la Transnistrie.

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"Rom" ["homme" en romani] et c’est par ce terme qu’ils se désignent eux-mêmes -parfois-. Comme en roumain le terme "tsigan" est devenu synonyme d’esclave, nous n’employons le mot français "tsigane" que pour traduire des textes d’esclavagistes et/ou de racistes.
Gadjé: pluriel de "gadjo", terme désignant pour les Roms tous ceux qui ne sont pas originaires des "peuples du voyage", terme par lequel on les nomme parfois, car les roms sont pour la plupart sédentaires même s'ils prennent souvent la route, bien malgré eux. Cause ou conséquence, ils sont souvent à la marge, sédentaires dans des HLM -ou dans des camps qu'on leur concède, la plupart du temps mal entretenus et situés à l'écart des villes- mais gardent une caravane prête au cas où ! et partent parfois durant d'assez longues périodes rejoindre des parents/amis en camp...
Un roman de Mattéo Maximoff "Le prix de la liberté" traite justement d’une révolte romani au 19ème siècle en Roumanie (édition Wallâda). (NB J'ai eu la chance de connaître Matéo alors que j'avais une vingtaine d'années, il m'a offert un de ses livres, note d'eva)

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EN RESUME

On estime à 500.000 (certaines sources donnent 1 million!) le nombre de tsiganes d’Europe victimes du génocide sous le nazisme, un chiffre qui, en proportion, est équivalent ou supérieur à celui du génocide juif. Dans la majorité des pays, le sort réservé au Roms fut semblable à celui des juifs: massacre par des unités de la SS en URSS, extermination dans les camps de la mort pour les Roms et Sintis d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne, etc. (D'après mes sources personnelles presque le double de Tsiganes, proportionnellement parlant. Méconnu. Intentionnellement ? Ca dérange certains intérêts, c'est sûr ! Note d'eva)

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Un cas particulièrement pervers 

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Le camp de Terezin comportait une zone totalement séparée qui leur était réservée, figurant une sorte de "village" pimpant avec même des pots de fleur aux fenêtres... où au départ ils furent bien traités, nourriture, musique, travaux peu pénibles... on leur fournit même des cartes postales du camp pour envoyer à leur famille... et après que tous furent venus les rejoindre, on les gaza jusqu'au dernier. Le racisme des nazis à leur encontre était tel qu'ils ne voulurent même pas les "sélectionner" pour des travaux épuisants comme ils le faisaient pour les juifs.

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Sources: Hancock, "Roma Slavery"..."The Pariah Syndrome" in "Patrin"
Claire Auziaz "Samudaripen, le génocide des tsiganes", Editions L’esprit Frappeur, Paris 1999
Article de Hoboctb n°10 - décembre 2002. Pour tout contact: HOBOCTb C/o CESL - BP 121 - 25014 Besançon cedex. E-mail: helenelarrive@gmail.com (l'autre adresse ne marche pas.)
Cité par Joseph Varéa, que je remercie ici, ainsi qu'Anic Darnault pour son tableau ("l'oeil").
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Controverses, un peu de philosophie...
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Jean-Marc Turine ''Le crime d’être Rom'' (Ed. Golias)

"Lorsque Simon Wiesenthal demanda en 1984 à Elie Wiesel que les Roms soient représentés dans le Conseil qui visait à perpétuer le souvenir de la Shoah, celui-ci lui répond sans détour qu'''il ne fallait pas dévaluer l’Holocauste''.. ce à quoi Wiesenthal rétorque qu'''il ne fallait pas dévaluer le nazisme'', car les Roms, au même titre que les Juifs, ont été victimes du racisme fanatique du régime hitlérien. Leur extermination a même été planifiée de plus longue date puisqu’en 1906 déjà, un certain Alfred Dillman préconisait de débarrasser l’Allemagne de ce peuple ''criminel, asocial et fainéant'' par nature.
Cet épisode illustre le fait que certains dans la communauté juive tentent de s'accaparer le statut de victimes uniques du génocide nazi quitte à verser dans le négationnisme du génocide rom. En tronquant et en minimisant la réalité de l’entreprise de mort que constituaient les camps d’extermination, ils mettent ainsi à mal les efforts d’autres intellectuels juifs qui, conscients de la capacité de leur communauté à imposer au monde la mémoire de la Shoah, sont les avocats dévoués à la mémoire du génocide rom.
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Négationnisme de la "Shoah" des Tsiganes
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(Oui, négationnisme de la "Shoah" des Tsiganes ! C'est honteux ! A brandir quand on parle de négationnisme à tort et à travers ! Note et titre d'eva)

Les Roms eux-mêmes portent-ils une responsabilité dans ce déficit de mémoire?
Si la communauté rom a refusé les compensations que lui proposait l’Allemagne, ce refus ne constituait en rien un déni de mémoire mais s’expliquait par le fait que les compensations étaient attribuées à titre ''humanitaire'' et non en tant que ''victimes de crime contre l’humanité''. Une insulte à la mémoire : ils n’ont pas été victimes de la famine ou d’une catastrophe naturelle ! Cela dit, il est certain que des conflits internes à la communauté ont miné le poids de leur représentation et leurs chances d’inscrire de manière forte la réalité de la tentative d’anéantissement de leur peuple dans l’Histoire.

Et l’argument qui fait des Roms un ''peuple de l’oralité'' qui craint le passé et désire l’enfouir?
Certes, il existe un certain esprit selon lequel ''le passé fait peur, le futur ne risque pas d’être meilleur, donc il faut vivre dans le présent''. Mais cela ne signifie pas que ce peuple n’ait pas de mémoire. Sans mémoire, un peuple meurt. Sans doute leur tradition orale, au contraire de la tradition livresque juive, s’est-elle trouvée dépourvue face à la question de la transmission au sens où nous l’entendons. Mais peut-on considérer qu’un peuple de tradition orale est pour autant sans mémoire?
C'est à cause de la non reconnaissance du génocide subi par les Roms qu’il est possible aujourd’hui qu'ils soient traités d’une manière aussi violemment discriminatoire. Cela n'eût pas été possible si la communauté rom avait bénéficié d’un statut clair et officiellement admis de victime de génocide. Les autorités politiques européennes, se rendant sciemment coupables de ''non assistance à peuple en danger'' prennent le risque de voir éclater à tout moment une véritable bombe sociale."
Réponse à l'article :

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"Qui que vous soyez, soyez remercié au nom de la communauté des voyageurs. Je suis Rom de Macédoine et depuis ma plus tendre enfance j'ai été élevé dans une ambiance de non-dit sur nos origines. Savez-vous combien de personnes de ma famille n’osent pas dire que nous sommes ce que nous sommes? Imaginez le nombre de sédentaires depuis des décennies ou des siècles, intégrées, qui n’osent s’affirmer ou du moins ne pas se cacher. Cette communauté se laisse dépecer. J’ose espérer qu’un jour, des gadje comme nous avons pour habitude de les nommer se préoccuperont des ''pauvres'' que nous sommes (beaucoup trop d’entre nous sont analphabètes donc sans armes pour se défendre.) Veuillez cher humaniste, recevoir ma pleine gratitude." Interview par Amnesty international de l'auteur reprise sur le site d'Amnesty avec ce commentaire.
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"Les Caraques" commentaire de texte,  ce que disent les mots
"Clé, comme toutes les communes du Midi, connaissait les gitans. Le mot que l’on employait pour les désigner était "Caraques". Certains d’entre eux, il me semble que c’était le cas des Stambul, avaient même une maison dans le village. (...)
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Maintenant, reprenons le texte
avec un petit remplacement de mots

"Clé, comme toutes les communes du Midi, connaissait les juifs errants. Le mot que l’on employait pour les désigner était "youpins". Certains d’entre eux, il me semble que c’était le cas des Stambul, avaient même une maison dans le village. Dans la rue du Moulin habitaient un frère et une sœur qui devaient s’appeler Levy. Lui parti, elle a continué à survivre là de manière misérable, sans aucun confort. Elle ne devait avoir ni eau ni électricité et sans doute pas de revenu. Cette maison, appelée la maison de la juive, a été récemment démolie de même qu’une remise voisine qui appartenait à Pierre Borie. Ainsi a été créée une petite place, baptisée la Place des platanes, que l'on a conservés.


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Impressionnant, isn'it ? Le MRAP et la LICRA, suivis par la LDH attaqueraient aussitôt. Antisémitisme.
Le mot "antiromisme" n'existe même pas.  
Note : ces propos sur les juifs qui semblent controuvés étaient réellement tenus à l'encontre de ceux d'Espagne et d'Angleterre fuyant les pogroms du 15ème siècle.* "Sales, pouilleux, voleurs, avec de trop nombreux enfants, vivant de trafics ou de charité sociale..." Quelque temps après, intégrés, on leur reprocha de s'être accaparés les meilleurs places, spoliant les "vrais" autochtones etc... ("Histoire de l'antisémitisme"  Léon Poliakov)
* Accueillis pourtant avec bienveillance par le roi Casimir IV désireux de relancer l'économie du pays, tout comme Sigismond 1er de Bohême peu avant accueillit les roms, autre similitude.

    <----- Le juif errant, cordonnier dans le mythe


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Casimir IV Jagellan, (1437/1492) de Pologne et Sigismond 1er de Bohême, (1370/1437)  accueillirent les juifs et les roms, pour relancer l'économie et pour leur savoir faire  utile aux armées, ce qui n'empêcha pas un certain racisme, moindre toutefois qu'en Angleterre, Espagne, Portugal... du moins tant qu'ils furent utiles. 

Lettre de protection de Sigismond 1er de Bohême en faveur des roms (..) 
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Cité par Yvon Massardier
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Vichy - Pas Vichy ?
 Gosselent in Le monde diplomatique
Sous-génocide, en France
"Peut-on comparer l’attitude actuelle de la France à l’égard des Roms à celle de Vichy à l’égard des Juifs? Non, car tant qu’il n’y aura pas menace de mort et mort effective, c'est sans commune mesure. Oui car eût égard à ce que nous savons de la notion de génocide aujourd’hui -que le monde de Vichy ignorait- nous devons être tout particulièrement vigilants quant aux droits de gens dont des parents ont été victimes d’un génocide -et qui peuvent donc l'être à nouveau-. Quand on essaye d’imaginer ce qui se passerait si un pays d’Europe avait cette attitude à l’égard de sa population juive, on comprend immédiatement en quoi l’attitude française est inacceptable. Une telle attitude contre les Juifs est tout simplement impensable, inimaginable partout dans le monde, même en Iran, en Corée du Nord, au Soudan...

Apparemment, avec les Roms, ça n’est pas pareil, c’est un génocide certes, mais ça ne donne pas d’obligation morale à protéger spécifiquement les droits des victimes ou de leurs descendants.
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La France -qui a reconnu le génocide arménien- vient d’inventer une catégorie, le sous-génocide, le génocide qui n'impose aucune obligation morale, dont on n'a pas à tenir compte..."
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"Mon père à eu des très bons amis d’enfance Roms et il nous a prénommés mon frère et moi avec les prénoms de ces deux amis. Il y a deux points que je trouve important de souligner à propos des Roms et de leur culture. La société Rom est très orientée vers la transmission de divers savoir-faire, d’individu à individu. Compte-tenu -cause et conséquence- de leur itinérance -voulue et subie- les Roms ont eu peu accès à l’école mais ils ont su transmettre des savoir-faire -notamment artisanaux et artistiques mais aussi médicinaux- de générations en générations.

De ce point de vue, leur approche de la connaissance est similaire à celle de ceux qu’on appelle Peuples Premiers (Autochtones, Aborigènes, Premières Nations). La pédagogie est indissociable des structures de base de la société, notamment la famille.
Et pour ce qui est justement du lien entre les Roms et un territoire originel, il convient de noter que les Roms ont suivi, des siècles plus tard, le trajet des Indo-Européens. De ce point de vue, leur périple est absolument remarquable ethnologiquement, puisqu’ils ne savaient rien des Indo-Européens et n’avaient pas non plus conscience de faire un périple, ils changeaient simplement souvent d’endroit, et ces changements ont constitué un périple seulement après plusieurs générations. Pour les individus, ce périple était invisible, et inconscient. C’est tout à fait remarquable que les Roms aient reconstruit ce périple sans le savoir et qu’ils aient été les seuls à le faire.
Excusez le parallèle entomologique mais cela me fait penser au périple des papillons Monarque en Amérique du Nord qui font une migration qui leur prend plusieurs générations. Personne n’a à ce jour découvert comment ils pouvaient refaire le trajet de leurs parents sans l’avoir appris d’autres individus."
Note de moi (Moi: l'Administratrice du blog): lorsqu'on lit un article de journal ou qu'on entend un discours à leur sujet, remplacez toujours mentalement le mot "rom" par le mot "juif" et vous verrez tout de suite l'effet que ça fait... merci à Roland Matteoli, de "datzibaoued" qui m'en a fait prendre conscience ! Je ne trouvais rien de grave à voir écrit dans les feuilles de chou régionales ou nationales "le gendarme qui a tué un gitan" etc... Oui, c'était bien le cas, non? Et lorsque j'ai remplacé le mot "gitan" par le mot "juif"... Ca change tout ! Honte à moi.
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            Résumé, étymologie et histoire


''Tous les préjugés mènent aux Roms''
Hervé Favre, La Voix du Nord
मनुर् भव जनया दैव्यं जनम्
Deviens l'Homme, pour créer la race divine.
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Les Roms ou Doms (hommes en hindi) partirent du Sind actuel (ce sont des sinti) et du nord du Pendjab vers l'an 900 en deux vagues dont la seconde 3 siècles après. Sans doute des ''intouchables'' et des artistes musiciens renommés, car les professions des hors-castes particulièrement méprisés [bouchers, équarrisseurs, fossoyeurs..] comprenaient aussi les ''saltimbanques'' c'est à dire des artistes...et des militaires. (..)

Romanichels ou ''romani tschel'' (tschel=tribu) signifie simplement ''tribu d'hommes'' en romani Manouches, de ''manusha'' qui veut aussi dire homme en sanskrit.

Gitans (gypsies en anglais) vient d'Égypte, mais en grec ''gyps'' signifie recycleur, équarrisseur et ''gyftos'' ferronnier, ferrailleur... ainsi qu'une montagne. L'ethnonyme ''gitan'' désigne les roms ayant migré vers le sud, Espagne, Midi etc... (Gitanos) par opposition à ''Tsigane'' et il est peu utilisé par les Roms qui le considère comme péjoratif, tout comme ''tzigane'' -au 18ème, il fut remplacé par égyptiens.
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Les Yéniches, un trait d'union avec le peuple juif ?

 
Comme tous les peuples "diasporés", les roms sont parfois  de culture différente et du coup, divisés: tsiganes ou manouches allemands, gitans espagnols ou méridionaux, roms roumains soi disant "acculturés" etc... Restent à présent les yéniches. C'est une communauté mystérieuse de 300 000 personnes vivant surtout en Alsace -la plus importante parmi les roms- souvent chaudronniers ou ferrailleurs, sans doute issus d'origines différentes, de type européen, parlant un langage proche du yiddish et portant des patronymes identiques à ceux des juifs... qui se définit quelquefois comme rom, ou juif antiques, mais d'autres fois s'en démarque -par opportunisme?- et... vice versa. Il n'empêche que les nazis, qui ne les considéraient ni comme roms ni comme juifs, les massacrèrent tout de même comme "asociaux". Leur vie est extrêmement précaire si bien qu'on a pu dire d'eux qu'ils étaient les roms des roms. Parmi eux, des familles d'exclus vivent dans des bidonvilles-décharges avec de très nombreux enfants, repliés sur eux-mêmes et -cause ou conséquence, sans doute les deux- parfois, l'alcoolisme aidant, délinquants... De grands musiciens aussi, aux compositions rappelant celles des juifs de l'Est
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         Migration supposée du peuple juif, parallèle à celle des rom
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          Juifs, kurdes et gitans, des liens antiques ?
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Chassés et errants, furent-ils en contact avec les juifs identiquement sur les routes ? Est-ce ainsi que se créa cette communauté qui incontestablement puise ses traditions dans les deux cultures? On voit le même phénomène chez les kurdes de Turquie -musulmans!- souvent reliés aux roms, portant parfois traditionnellement autour du cou... la croix de Camargue ! qui ne peut provenir que d'ancêtres "gitans" catholiques issus du Midi de la France.


L'éducation nationale en cause
 
Note de moi : l'exclusion totale entraîne parfois des mariages entre membres de groupes restreints, ce qui n'est pas bon génétiquement, voir les rois de France -ou d'ailleurs.- Et même dans des cas -rares- où on tente de les inclure, il arrive qu'ils le refusent par orgueil ou méfiance -et on peut les comprendre lorsque l'on voit ce que ces "tentatives" parfois cachaient. Ainsi, dans un lycée de Créteil où ils avaient établi un camp -sur une pelouse, ce qui ne gênait personne, le campus était immense- lorsque, avec une collègue, nous étions venus leur proposer d'inscrire leurs jeunes qui erraient souvent sur le site -nullement agressifs, ils se servaient simplement des toilettes et de l'eau- la chef du clan, une femme de 50 ans -très pieuse- avec laquelle nous avions bavardé autour d'un thé, refusa fortement car nous dit-elle, elle tenait à ce qu'ils soient "bien élevés" et n'avait pas trop confiance en l'éducation nationale, préférant se charger elle-même -avec ses brus- de leur éducation, strictement familiale. Elle redoutait plus que tout qu'un de ses nombreux petits-fils (handicapé -trisomique-) ne lui soit retiré et placé en institution, la famille lui paraissant le seul rempart contre l'exclusion de ceux qui sont hors norme... et elle n'avait peut-être pas tout à fait tort. [Une solution serait les camions-écoles dont l'expérience a été tentée au départ par des instituions religieuses catholiques, avec succès... mais très sporadiques.]
 
Même notre arrivée -sans rendez-vous- dans le "camp" avait été arrêtée par deux jeunes costauds surgis devant la "porte" tels des hallebardiers en faction -le camp était établi de manière circulaire avec un accès et un seul- qui nous avaient demandé d'attendre, puis escortés chez la chef, leur grand-mère. Ce n'est qu'après son aval qu'ensuite nous pûmes circuler librement. Elle s'en excusa, ils étaient obligés car ils avaient peur des agressions. 

Voir à ce sujet l'excellente vidéo de John Paul Lepers : "Qui a peur des gitans?" 


[Dans les Balkans -plus encore qu'ailleurs- la discrimination envers les enfants roms à l'école est quasi institutionnalisée cf http://balkans.courriers.info/article7298.html ]


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Les roms, comme les juifs, peuple lui aussi "errant", portent souvent des noms de villes ou de pays, sans doute indiquant leur origine : France, Lisbona, Stambouli, Maurel etc... et la culture juive a quelques traits communs avec la leur, le syncrétisme en plus -chez les roms-

La Libre-Belgique
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Les Roms sont confrontés à une forme de discrimination inédite en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Hommes, femmes et enfants sont expulsés dans plusieurs démocraties sous prétexte qu’ils constitueraient un risque pour l’ordre public. (George Soros dirigeant le Fond de gestion Soros.)
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Les Roms sont persécutés partout en Europe depuis des siècles : évictions et expulsions collectives dans plusieurs démocraties européennes d’hommes, de femmes et d’enfants sous le prétexte qu’ils constitueraient un risque pour l’ordre public.
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Récemment, la France a initié les procédures d’expulsion de tous les Roms non français, les considérant comme un groupe criminel, sans qu’aucune procédure juridique n’ait permis de déterminer si ces individus ont commis un quelconque crime ou s’ils représentent un risque à l’ordre public. Les agissements de la France font suite à ceux de l'Italie et de son "programme de sécurité" de 2008, qui avait qualifié les soi-disant "nomades" de menace à la sécurité nationale et avait donc imposé un recours législatif d’urgence visant à l’expulsion des Roms non italiens.
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[...] l’expulsion de citoyens de l’Union européenne sur la base de leur origine ethnique sous couvert d’une quelconque activité criminelle est en totale violation des directives européennes sur la discrimination raciale et du droit à la libre circulation entre les Etats de l’UE.

Il est en effet un principe légal établi que le crime doit être prononcé par la détermination de la culpabilité d’un individu devant une cour de justice. De plus, les criminels condamnés ne sont pas habituellement expulsés s’ils sont citoyens d’un autre Etat de l’UE. Ce que la loi européenne prévoit en revanche est que la décision d’expulsion soit prononcée au cas par cas, et jugée nécessaire proportionnellement au crime commis. Cette décision doit en outre prendre en considération certains autres éléments (comme la force des liens que l’individu entretient avec la communauté).
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[.... ] Depuis la Seconde Guerre mondiale, les européens ont toujours considéré inacceptable de soumettre un groupe, quel qu’il soit, à un châtiment collectif ou à une expulsion de masse sur la base de l’origine ethnique de ses membres; le fait donc de considérer les Roms de façon collective, au mépris des droits fondamentaux au nom de la sécurité, constitue un précédent inquiétant.
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[... ] En réponse à la position de la France, le gouvernement suédois a aussi appelé à une action concertée de l’UE pour encourager la réinsertion des Roms.
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Les Roms veulent et peuvent s’intégrer pour peu que l’opportunité leur soit offerte [....] C’est parce qu’ils sont confrontés à une discrimination et à des privations scandaleuses chez eux qu’ils continuent de migrer un peu partout en Europe. L’UE doit admettre que la nature pan-européenne de ce problème exige une stratégie globale et efficace pour favoriser la réinsertion des Roms.
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La responsabilité élémentaire de sauvegarde des droits et du bien-être de tous les citoyens est du ressort des Etats membres de l’UE. Les politiques et les programmes pour permettre la réinsertion à l’emploi, à l’éducation, à la santé et au logement doivent être mis en œuvre aux niveaux local et national. Mais l’UE a un rôle déterminant pour motiver, coordonner, contribuer financièrement et contrôler de tels efforts dans le cadre d’un plan d’envergure européenne.
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En 2009, l’UE a [...] a donné son aval pour que des fonds structurels soient utilisés pour répondre aux problèmes de logement en faveur des communautés marginalisées, et en particulier des Roms. C’est un premier pas mais [...] cela devrait être étendu à l’éducation, à la santé et à l’emploi. [... ] à l’éducation dès la petite enfance, plutôt qu’uniquement dans le cadre de la formation professionnelle.
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La pauvreté structurelle dont sont affligées les communautés Roms est intimement liée au manque d’instruction et au chômage. Les initiatives Europe 2020 de la Commission établissent des objectifs spécifiques pour élever le taux de réussite scolaire et les niveaux d’emploi pour tous les citoyens de l’UE. Les Roms sont tellement à la traîne dans ces deux domaines par rapport à leurs concitoyens que les objectifs visant à réduire ces écarts devraient être totalement intégrés au plan Europe 2020.
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Le fossé le plus important entre les Roms et le reste de la population n’est ni culturel ni lié à leur mode de vie - comme les médias voudraient nous le faire croire - mais est bien un problème de pauvreté et d’inégalité. [....] Les logements ségrégatifs sont une barrière à l’intégration et ne génèrent que préjudices et échecs [.... ] [ce sont] d’énormes bidonvilles et implantations dépourvus de réseau sanitaire et des conditions élémentaires essentielles à une vie digne. La détresse de tant de millions de Roms au XXIe siècle constitue une caricature des valeurs européennes et entache la conscience de l’Europe.
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La détresse des Roms n’est pas... un problème de sécurité à court terme qui peut être résolu par des mesures draconiennes visant à déplacer les personnes d’un pays à un autre. Cette situation fragilise les valeurs européennes et les principes du droit [...]
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Les Roms d’Europe constituent la plus importante minorité ethnique de ce territoire, et le segment de population le plus jeune, avec la plus rapide croissance démographique. [....] L’Europe ne peut pas se permettre une autre génération perdue. C’est une question de droits humains et de valeurs essentielles, et une question cruciale pour la paix et la cohésion des sociétés à travers l’Europe.
Traduit de l’anglais par Frédérique Destribats

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La France vue à l'étranger:
La jornada (Mexique) :
 
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             L’holocauste des Roms, hier et aujourd’hui
  
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1496 : essor de la pensée humaniste. Les Roms allemands sont déclarés traîtres aux pays chrétiens, espions pour les turcs, porteurs de la peste, sorciers, bandits et voleurs d’enfants.
1710 : siècle des Lumières. Un édit envoie à la potence, sans autre forme de procès, tous les Roms adultes de Prague. Jeunes et femmes sont mutilés. En Bohème, on leur coupe l’oreille gauche. En Moravie, l’oreille droite.
1899 : apogée de la modernité et du progrès. La police de Bavière crée une section spéciale des questions Roms. En 1929, cette section est transférée à Munich puis en 1937, à Berlin. 4 ans après, un demi-million de Roms meurent dans les camps d’Europe centrale et de l’Est.
Taxés de criminels invétérés, arrêtés massivement, dès 1938, ils sont incarcérés dans des blocs spéciaux de Buchenwald, Mauthausen, Gusen, Dautmergen, Natzweiler et Flossenburg. A Ravensbruck, Himmler crée un espace pour sacrifier les femmes roms soumises à des expérimentations médicales. 120 fillettes sont stérilisées... Des milliers d’autres Roms sont déportés de Belgique, Hollande et France vers Auschwitz, parfois des quasi-centenaires, des femmes enceintes et un grand nombre d’enfants.
Aucun des 5000 Roms du ghetto de Lodz (Pologne) […] ne survécut.

En Yougoslavie, Roms et juifs étaient exécutés pareillement dans le bois de Jajnice.
Les paysans se rappellent encore les cris des petits Roms conduits sur les lieux d’exécution.
Dans les camps, seul leur amour pour la musique leur servit parfois de consolation.
À Auschwitz, affamés et pouilleux, ils se réunissaient pour jouer et encourageaient les enfants à danser.  
Mais le courage des guérilleros Roms de la résistance polonaise dans la région de Nieswiez resta légendaire.
La musique fut un facteur qui maintint leur unité et les aida à survivre,
tout comme la religion le fut chez les chrétiens, les juifs et les musulmans.
Leur génocide ne fut pris en considération ni à Nuremberg ni après.
Le gouvernement d'Adenauer déclara que leur extermination avant 1943 avait obéi à "des politiques d’État légales" (!) si bien que les victimes d’avant cette date ne reçurent aucune indemnisation. Robert Ritter, l'expert nazi en extermination des Roms, fut libéré. Ce n’est qu’en 1982, 39 ans après, qu’il fut admis que les victimes avaient droit à des indemnisations - la majorité était morte-.
Plus des trois quarts des Roms, 12 à 14 millions, vivent en Europe centrale et de l’Est.
La Yougoslavie socialiste de Tito fut la seule à reconnaître aux Roms les mêmes droits qu’aux minorités croates, albanaises et macédoniennes.

La déportation massive de Roms vers la Roumanie et la Bulgarie ordonnée par Sarkozy où ils se trouvent deux millions -la Roumanie, pays allié des USA et membre de l’OTAN dont le président, Traian Basescu, a qualifié une journaliste de ''sale tsigane''- est particulièrement perverse : la mortalité néonatale des Roms y est 9 fois plus élevée que la moyenne européenne, et leur espérance de vie dépasse à peine 50 ans.

130 manifestations devaient se dérouler en France et devant les ambassades françaises de plusieurs pays avec le soutien d’organisations des droits humains, de syndicats, de partis de gauche, d’écolo... Selon Ricardo Martinez de Rituerto -elpais.com- le Parlement européen a cloué hier au pilori la France et Nicolas Sarkozy qui expulse -déporte- des centaines de citoyens européens au motif de leur nature prétendument "criminelle". On a du mal à croire qu’en 2010, après le terrible passé de l’Europe en matière de racisme et d’intolérance, qu’une ethnie entière puisse encore être ainsi criminalisée et signalée en bloc comme un problème social.  

L'union romani d'Espagne à présent, citée par Maryvonne Leray, du "Cri du peuple" :
http://www.mleray.info/article-l-union-romani-souhaitent-une-condamnation-exemplaire-de-la-france-par-la-cour-de-justice-europeenne-57308580.html_______

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Le samudaripen* est  le génocide des roms dont 20 à 50 % en Europe ont été exterminés pendant la seconde guerre, ce qui fait du samudaripen un ethnocide comparable à celui des juifs.     Qui ignore la Shoah ? Et qui connait le Samudaripen ?
*Meurtre total en romani- (littéralement "tout tuer", sa=tout; moudarel=meurtre), on dit aussi "pharrajimos".
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Nous sommes tous réfugiés et issus de peuples divers... et c'est bien ainsi
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Hélène Larrivé
moirom.jpg

Les 2 posts extraits du blog d'Hélène
http://tziganes2.blogspot.com/
(extraits accomodés, et regroupés, à ma façon)
à la suite d'un commentaire d'Hélène:

Excellent blog merci, dont je vais si vous le voulez bien faire un lien avec le mien http://tziganes2.blogspot.com Bien cordialement. Hélène Larrivé

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camille4.jpg
Entendu sur Public Sénat ce 8.10.10
Convention Nationale du P.S.
Laurent Fabius
"La France n'est jamais si grande
que lorsqu'elle est universelle"
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logo_lettre_ouverte.jpg

Autre chose,
on m'envoie ceci :

450_appel.jpg

Le texte de l'appel


Affiche_34.jpg

http://www.7septembre2010.fr/post/2010/10/09/Appel-du-8-octobre-au-blocage-du-pays-par-la-gr%C3%A8ve-g%C3%A9n%C3%A9rale 

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